Un texte signé André Quintaine

USA - 2007 - Joe Lynch
Titres alternatifs : Wrong Turn 2 : Dead End
Interprètes : Erica Leerhsen, Henry Rollins, Texas Battle, Aleksa Palladino, Daniella Alonso, Steve Braun

review

Détour Mortel 2

L’imagination des auteurs de Slasher/Survival semble inépuisable. Alors que les films de fantômes, qui avaient pourtant le vent en poupe après le succès de RING, se suivent et se ressemblent comme en témoignent les récents AN AMERICAN HAUNTNG et LES MESSAGERS, le Survival, lui, ne cesse de surprendre. COLD PREY, ILS, TURISTAS font perdurer le genre tout en lui insufflant à chaque fois du sang neuf. Un genre adaptable en outre, puisqu’il s’accommode aussi bien de petits budgets (ILS, CALVAIRE, …) que des moyens plus imposants de grosses séries B (HOSTEL, TURISTAS, …). Bref, cette première décennie semble être totalement dominée par les Survival et son règne ne semble pas avoir atteint son apogée.

DETOUR MORTEL 2 ose un rapprochement du genre avec la télé réalité, un rapprochement qui a été rarement opéré par les Survival. C’est d’ailleurs étonnant puisque ces programmes décriés par les uns se rapprochent quelque peu du genre, du moins dans la forme avec ses héros jeunes, beaux, crétins et qui vont tous être éliminés les uns après les autres jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un…

L’idée de départ de DETOUR MORTEL 2 est quelque peu saugrenue et peu crédible car techniquement irréalisable, mais passons. Nos héros se divisent en deux catégories. D’un côté nous avons les acteurs d’une émission de télé réalité et, de l’autre, l’équipe technique qui réalise le show. L’action se déroule dans une forêt recluse. Le jeu part du principe que c’est la fin du monde. Six candidats qui incarnent les derniers survivants de l’Holocauste vont s’affronter afin de survivre dans un monde où règne l’anarchie. On ne peut plus logique : il ne reste plus que six personnes sur terre et plutôt que de reconstruire une société meilleure et de faire des enfants, ils vont chercher à s’entretuer.

Quoi qu’il en soit, la production a mal choisi le lieu de tournage car une famille de dégénérés incestueux s’était déjà appropriée la forêt !
DETOUR MORTEL 2 a la bonne idée de casser le schéma immuable du genre. On pouvait craindre une première partie durant laquelle on allait assister à la fameuse émission de télé réalité. Finalement, le film rentre dans le vif du sujet dès les premières minutes et la première partie s’apparente plus à une sorte de « préliminaires actifs » durant laquelle la moitié des protagonistes est éliminée. Il faut en effet préciser que le nombre de candidats au charcutage est particulièrement élevé pour un Slasher. Outre nos six candidats, il y a également l’équipe du tournage de l’émission. Même si l’équipe est on ne peut plus réduite et fait ressembler le show à un vrai sous-produit, ces victimes supplémentaires permettent à DETOUR MORTEL 2 de proposer un body count impressionnant tout en rentrant rapidement dans le lard du sujet.
Une fois que le nombre de nos héros restants peut se compter sur les doigts d’une main, le film prend le chemin d’un Slasher classique, tout en bénéficiant de quelques points forts.
Notons d’abord les décors, superbement mis en valeur. La forêt est bien présente, d’autant plus que 99% du métrage se déroule de jour. En revanche, en dehors des quelques pièges dissimulés ici et là, elle ne représente pas un véritable danger pour les protagonistes puisqu’elle a été complètement « vidée » de ses autres habitants par la famille composée de vrais morfals.

Cette famille est particulièrement intéressante. L’inceste y règne sans tabous. On retrouve l’une des symboliques du Slasher qu’est la critique du modèle familial. Elle accomplit des actes ignobles sans jamais se poser de questions, du moment que la prière est dite avant de passer à table. La famille de DETOUR MORTEL2 rappelle souvent celle de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE même si Joe Lycnh préfère ouvertement le grand guignol. Les méchants sont défigurés et consomment plus de viande qu’ils ne peuvent en avaler. Le dernier plan : un monstrueux bébé qui, refusant de téter au biberon, se contentera d’un doigt coupé. Il ne faut clairement pas prendre DETOUR MORTEL2 au sérieux.

Niveau gore, le film est largement au-dessus de la moyenne actuelle même s’il aurait pu aller encore plus loin, en particulier lors de son final haut en couleur. Quoi qu’il en soit, vu la froideur des films contemporains, il est réjouissant de voir un film d’horreur qui verse aussi joyeusement dans le gore en faisant en plus complètement abstraction du numérique.

Terminons par le rythme, l’un des autres points forts du film de Joe Lynch. Aucun temps mort n’est à signaler ; les protagonistes ne cessent de courir dans tous les sens. Des personnages sympathiques, bien que stéréotypés, on se réjouit plus particulièrement de la présence d’une espèce de Rambo qui apporte au métrage une touche de virilité musclée fort réjouissante, ainsi que de la mort prématurée de celle qui avait pourtant toutes les qualités pour incarner la parfaite petite héroïne.
DETOUR MORTEL 2 ne cherche pas à jouer dans la même catégorie que ILS ou COLD PREY ; son côté grand guignol est en effet trop souligné. En revanche, le film décoiffe et s’avère jouissif du début à la fin du métrage. Voilà de nouveau un bon Survival, alors que le genre s’apprête à fêter ses 30 ans !


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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