Un texte signé Sophie Schweitzer

Corée du sud - 2015 - Jang Jae-hyun
Interprètes : Dong-won Kang, Byeong-ok Kim, Eui-sung Kim

BIFFF 2016PIFFF 2016review

The Priests

Deacon est un séminariste pas vraiment modèle. Le jeune homme boit, fume, fait le mur, s’occupe à tout autre chose que ses études de prêtrise mais quand on le choisit pour être le nouvel assistant du père Kim, un exorciste aux méthodes contestées, il devient assidu dans son travail. Il faut dire qu’il rêvait de ce genre de job depuis longtemps. Mais Deacon est maladroit, naïf, et un peu benêt pour le père Kim qui a déjà suffisamment affaire avec le démon possédant la douce Young-shin, sa protégée.

Jang Jae-hyun qui réalise là son premier long métrage, choisi de s’attaquer au thème balisé de l’exorcisme via la voie classique. Quand KEEPER OF DARKNESS (présenté lui aussi durant le PIFFF) met en scène les fantômes et les exorcismes de manière très visuelle et rocambolesque, THE PRIESTS lui joue au contraire la carte de la sobriété. Une mise en scène certes classique mais qui n’hésite pas néanmoins à s’envoler, et à se faire mouvante quand la situation l’exige. La caméra tournoyante durant la scène de l’exorcisme faisant penser à la manière dont filmait Dario Argento dans OPÉRA. Mais c’est parce que le film adoptait une mise en scène sobre et classique qu’il devient aussi intense quand la mise en scène se déploie.

Outre l’excellence d’une mise en scène maitrisée, d’un scénario abouti qui décide de ne pas coller au chemin tracé par bon nombre de films d’exorcisme avant lui, la voie de l’horreur, mais plutôt de coller à l’humain et surtout au héros. THE PRIESTS est avant tout un film initiatique où nous voyons un jeune homme maladroit et inconstant mûrir à travers les épreuves. Le film adopte d’ailleurs son point de vue. Au début, plein de doute vis à vis du père Kim, doute distillé par la hiérarchie épiscopale qui doute de la réalité des démons, nous ne voyons de manifestation de celui-ci que dans les réactions des gens y ayant été confrontés. Puis, le film devient immersif quand le héros choisit de lui-même s’impliquer.

A sa manière THE PRIESTS a tout d’un grand film même si, de par la manière dont il traite son sujet, il garde modestie et une touchante hauteur humaine. C’est un excellent premier film qui démontre le talent du réalisateur à jongler entre modernité et classicisme. Sa mise en scène devient virtuose dans une scène finale qui par bien des aspects paraît apocalyptique. Du grand art comme la Corée nous en fournit souvent ces derniers temps !


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà


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