Un texte signé Sophie Schweitzer

- 2016 - Fede Alvarez
Titres alternatifs : La maison des ténèbres
Interprètes : Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette

review

Don’t Breathe

Rocky est prête à tout pour offrir à sa petite sœur un avenir plus radieux sous le soleil californien. Elle et ses comparses s’attaquent à des maisons de riches que surveille le père d’Alex. Ils opèrent rapidement, ne volent que des objets précieux, et s’en sortent plutôt bien. Mais à Détroit il est difficile de s’en sortir. Ils se mettent à rêver d’un gros coup. Celui-ci prend la forme d’un vétéran qui aurait empoché le pactole après que sa fille ait été renversée par une gosse de riche. S’ils hésitent au début à s’attaquer à un vieil aveugle, l’idée de pouvoir enfin s’en aller de Détroit l’emporte.

DON’T BREATHE, surnommé en France LA MAISON DES TÉNÈBRES est un home invasion d’un nouveau genre, loin des films d’horreur à la mode, du surnaturel en found footage au film de zombie en passant par la case hantise démoniaque. Le cinéma d’horreur d’aujourd’hui semble tourner en rond. Et ce que propose Fede Alvarez, comme avec son précédent long, EVIL DEAD, sort des sentiers battus.

Ici on part du même postulat que dans LE SOUS-SOL DE LA PEUR, l’immédiate référence nous venant en tête, où un gamin aidant des voleurs se retrouve piégé dans une maison infernale pleine de pièges et de chausse-trapes où un couple complètement timbré garde enfermés des enfants. DON’T BREATHE est très proche du SOUS-SOL DE LA PEUR par bien des points. Nos jeunes héros sont des cambrioleurs agissant ainsi parce qu’ils estiment avoir le droit de reprendre ce que la vie ne leur a jamais offert. Et ils se retrouvent confronté à plus méchant qu’eux, à un vrai boogeyman.

Plus encore, l’excellent film de Wes Craven proposait un ressenti très ludique jouant sur l’aspect enfantin du héros, ses peurs autant que ses capacités d’enfant comme sa souplesse ou son agilité. Ici nos jeunes héros devront mettre à profit tous leurs talents pour s’en sortir. Jouant sur l’obscurité, et une maison que le vétéran aveugle connaît par cœur, le film devient à la fois très ludique mais aussi très immersif, et prend à partie le spectateur, lui faisant ressentir la même angoisse que celle de ses personnages.

Mais l’originalité de LA MAISON DES TÉNÈBRES est de proposer un boogeyman loin d’être cliché. Le film s’attache d’ailleurs à éviter soigneusement les écueils d’un genre plus que balisé. Comme l’avait fait le très bon YOU’RE NEXT, le film tourne les codes du genre jusqu’à les faire céder. Car s’ils doivent survivre, il n’est pas certain qu’ils aient plus de raison de survivre et de l’emporter que le vieillard. Celui-ci a également toutes les raisons du monde de leur en vouloir, et d’en vouloir au monde entier. Il est tout autant une victime du système qu’eux. Si bien qu’il n’y a à la fin ni gentil, ni méchant, juste des gens ordinaires qui ont été amenés par la force des choses à agir comme des méchants.

Toute l’ambiguïté des personnages prend son importance, mais on remarquera également une mise en scène qui donne vraiment vie à cette folle nuit, et rend le film très immersif. Une scène assez folle dans la voiture fait directement référence à CUJO. C’est une virée en enfer réussie qui en appelle d’autres. On a hâte de voir le prochain projet de Fede Alvarez, un cinéaste décidément très prometteur.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà


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