Un texte signé Sophie Schweitzer

Mauvais Genre 2016review

Compétition court-métrage Mad In France Mauvais Genre 2016

La compétition de courts-métrages estampillée « Mad in France », le même nom que porte la rubrique courts-métrages français dans les pages de Mad Movies, donnait à voir 6 courts-métrages français aux univers diamétralement opposés. Et comme dans toute sélection de courts, on a pu voir du très bon comme du moins bon.

La sélection commençait très fort avec UN CIEL BLEU PRESQUE PARFAIT de Quarxx, un court qui frôle le moyen avec ses vingt minutes. Il faut d’ailleurs le souligner, l’univers du film est si soigné et si développé qu’il aurait pu donner lieu à un long-métrage. C’est dans l’univers en apparence morne et banale de Simon que le film nous plonge. Ce dernier, ouvrier dans un coin reculé de la France rurale, vit dans la maison familiale tombant en ruine, prenant soin de sa sœur lourdement handicapée. Les raisons de son handicap sont montrées dans une introduction aussi violente que jouissive. Avec son atmosphère délétère, ce gore craspec dans un milieu rural très français, fait penser à l’univers d’un CALVAIRE ayant croisé du SEUL CONTRE TOUS avec un soupçon de DELICATESSEN. Mais le plus réussi au final, c’est l’immersion dans des genres différents, la comédie, l’horreur, la SF, avec quelques références de ci, de là, et surtout, un personnage principal aussi dingue que le héros de THE VOICES. Une vraie réussite qui donne très envie de voir ce que le bonhomme pourrait faire en long-métrage, d’autant qu’il réunit un beau casting avec de vraies gueules, et quelques instants de bravoures qui pourraient bien devenir cultes dans un long.

Le second de la sélection, JULIET de Marc-Henri Boulier, a déjà fait le tour de plusieurs festivals, si tant et si bien qu’on vous en a sans doute déjà parlé. Pour ceux qui l’auraient raté, JULIET est un court-métrage de SF très abouti. La boîte de production ayant travaillé dessus doit sans doute s’en servir comme carte de visite. Quant à la thématique, rien d’original, il s’agit d’une histoire de robot à apparence humaine commercialisé comme objet de plaisir, avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer. Le court ressemble à un tas d’œuvres préexistantes, et surtout à la série suédoise REAL HUMAN qu’il imite d’ailleurs sur certains détails. La seule vraie originalité au fond est la critique en sous-texte d’entreprises telles que Apple, et comment ces entreprises exploitent la misère affective humaine.

THE CURE de Xavier Mesme a également fait le tour des festivals. Curieusement, il n’est pourtant pas très bon. Visuellement assez pauvre, avec une mise en scène pas très imaginative, des personnages stéréotypés, un script déjà vu et grossier, ce court-métrage n’est pas vraiment une réussite sans être non plus un navet. L’histoire reposant sur un twist qu’on voit venir à dix mille kilomètres, il est même difficile d’en parler en détail. Tout ce qu’on peut en dire, c’est qu’il s’agit d’une histoire de remède contre l’addiction qui n’est pas ce qu’il a l’air.

LES CHRONIQUES DE LA SOURCE de Sebastien Chauvel n’est lui non plus pas une réussite. Visuellement pauvre, pur produit de la fantasy s’inspirant très fortement de romans, entièrement construit en numérique, le court est assez laid à regarder et l’univers pas très crédible du fait de cette pauvreté esthétique. Là-dessus, il faut ajouter des acteurs pas très bons, et surtout un scénario impossible à comprendre si l’on n’a pas lu les bouquins dont il s’inspire. Autant dire que c’est un échec cuisant à la limite du nanard.

À côté de ça, ELLE de Vincent Toujas a le mérite d’être plus réussi visuellement. Une mise en scène classique, mais qui fonctionne, un maquillage vraiment joliment fait et une histoire mignonette. Rien de très original ni très transcendantal dans cette histoire qui a un petit air de déjà vu, mais ça reste mignon et gentil. Seule interrogation qui demeure à la fin, pourquoi l’accident au début qui semble n’avoir aucune répercussion sur la suite ? Oui, le scénario est un peu brouillon et certains dialogues un peu stéréotypés.

Enfin, la sélection s’achevait en beauté avec LA LISIÈRE de Simon Saulnier. Dans un avenir proche, le monde a sombré dans l’anarchie où la loi du plus fort l’emporte. Nous suivons une famille monoparentale composée d’un père et de sa fille, d’origine arabe, vivant dans les forêts du nord. Attaqués par une famille qui les dépouille de leurs provisions, la fille décide de la pourchasser en dépit des inquiétudes de son père. Dans une thématique finalement très proche de THE SURVIVALIST dans l’esprit, le court mélange de la SF petit budget mais réussie avec le drame intimiste, la forêt, la nature, et la violence de l’humanité. C’était une très belle manière de finir la sélection. D’ailleurs, on a envie de suivre ce cinéaste.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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