Un texte signé Sophie Schweitzer

Mauvais Genre 2016review

Compétition court-métrage animation Mauvais Genre 2016

Mauvais Genre est un festival qui fait la part belle aux courts-métrages puisqu’il y a trois compétitions : la fiction, Mad in France et l’animation ! Celle-ci était, cette année, très orientée conte de fée, enfance et rêverie. Le niveau était parfois très haut, d’autre fois plus bas, mais une chose est certaine : on a voyagé !

CACHIVACHES de Gerardo de la Fuente Lòpez ouvrait la compétition avec une animation disons vieillotte et simpliste qui donnait l’impression de voir un film d’animation datant d’il y a vingt ans. De plus, l’histoire de ce robot amoureux d’une androïde femelle trouvée dans une décharge n’avait rien d’original. C’est dommage.

En comparaison, CAGE de Pengpeng était d’une beauté assez incroyable. Cette animation proche des estampes japonaises racontant l’histoire assez onirique et fantastique d’un petit bout de femme dans l’assiette d’un homme, était d’une grande subtilité rendant peut-être l’accès à la compréhension difficile. Néanmoins, la beauté plastique de ce conte avait de quoi émerveiller le spectateur, d’autant que l’animation semblait se dessiner à coups de pinceaux, ce qui est toujours très beau à voir.

COLORS IN THE SUBWAYS de Kim Myung-Eun était dans la même veine. Très beau et poétique, même si, le style était beaucoup plus simple, presque enfantin, avec des aquarelles ressemblant quasiment à des touches de couleurs. En revanche côté histoire et narration, c’était très attendu et assez simple, mais cela n’enlève rien à la poésie, surtout quand une vieille femme dans le métro commence à plonger dans la mer par la fenêtre du wagon !

GYROS DANCE de Loc Hoang Ngoc s’intéressait, quant à lui, à deux souris tenant un kebab. Au milieu du restaurant à l’ambiance familiale, le couple se chamaille car la femme s’intéresse plus à la télévision qu’au boulot. Celle-ci, décidant de vouloir vivre son rêve et se sentant incomprise, quitte son époux et leur restaurant pour gagner la ville et tenter d’intégrer une émission de radio crochet. L’animation de ce court-métrage est très belle, très fluide, avec un petit côté animalier qui n’est pas sans évoquer des mondes chimériques de la bande dessinée.

THE BEACH BOY de Hannes Rall, est une adaptation d’un conte vietnamien à propos d’une princesse tombant amoureuse d’un homme très pauvre. Si le conte est assez beau et possède une conclusion très poétique, en revanche, l’animation reste simpliste, bien en deçà du potentiel de poésie qui aurait pu s’en dégager. Néanmoins, il y a quelques jolies idées.

RÊVE D’ENFANT de Christophe Gérard développe l’imagerie onirique des rêveries des enfants teintées des terreurs du monde des adultes. Une mère célibataire imprègne ainsi la psyché de son fils de ses inquiétudes et de ses soucis, mais le rêve finit toujours par l’emporter. Joli film qui se termine de manière un peu cryptique. Dans la façon dont le rêve infuse la réalité il n’est pas sans rappeler le très beau EVOLUTION de Lucile Hadzihalilovic.

THE BAFFLED KING de Jörg Weidner et Anke Späth est un joli conte utilisant l’animation image par image. Un roi fait de bouts de ficelle et de morceaux de tissu erre dans sa cour sans savoir quoi faire. Il s’en prend au bûcheron vers qui il tourne la colère de son ennui. Lui-même n’est fait que de bouts de tissu. La roue du temps finit par tout écraser, noble comme pauvre, offrant au film une jolie morale.

VERY LONELY COCK de Leonid Shmelkov est un film assez drôle avec une animation très simple façon pâte à modeler. Un coq se rebelle contre son fermier avec pour résultat quelque chose de très désarçonnant et d’absurde. De l’humour grotesque avec une poésie touchante, voilà ce que le film nous réservait.

Enfin VOLTAIRE de Jan Snoekx, dernier film d’animation de la sélection, offrait l’histoire d’un coq de girouette qui envie la place de celui juché fièrement sur un clocher. Mais durant son périple, il va vite se rendre compte qu’il n’est pas le seul envieux. Le terrifiant coq du cimetière est aussi de la partie et le combat s’avère rude. Plutôt réussi, c’est un film entier, une histoire complète et drôle, effrayante et touchante, dont l’animation reste correcte à défaut d’être renversante.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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