Escapade Fatale

Aahh, la lune de miel ! Moment privilégié de la vie d’un jeune couple en devenir, comme pour s’offrir une incartade avant que ne s’installe une routine aliénante… L’occasion parfaite pour aller jouer les touristes dans un coin de paradis terrestre, et, pourquoi pas, en y ajoutant les plaisirs d’un petite randonnée tropicale ? C’est en tout cas ce que font Cydney et Cliff Anderson qui filment avec beaucoup d’entrain (et un caméscope) leurs premiers pas sur un bout de l’archipel hawaïen. Et ils ont un plan, celui de faire un trek pour communier avec la nature avec force de matériel pour campeur-randonneur averti et célébrer ainsi leur union fraichement sanctifiée par les liens du mariage. Chemin faisant au volant de leur 4×4, il croise la route d’un couple d’auto-stoppeur qu’ils décident dans un premier temps de convoyer, mais les réticences de Cliff (l’excellent Steve Zahn) le poussent à sortir un bobard éhonté pour éviter d’embarquer les jeunes marginaux (qui ne sont pas dupe). Un peu plus loin, alors arrivés dans une sorte de relai où ils se munissent de cartes du coin et de pass pour la rando, une nouvelle entendue à la télévision les conforte dans leur choix d’avoir laisser les autostoppeurs sur le bas-côté. Un double assassinat a été perpétré dans une île voisine et le signalement des meurtriers pourrait correspondre au couple marginal. C’est donc pour le moins rassurés qu’ils s’engagent sur la route du trek aux paysages idylliques. Ils ne tardent pourtant pas à rencontrer Nick (Timothy Olyphant), militaire de carrière, venu lui aussi pour la fameuse randonnée et qui leur propose de faire un bout de route ensemble. Ce que les Anderson ne savent pas encore c’est que le solide gaillard est accompagné par Gina, sa chère et tendre. A partir de ce moment, plus les miles défilent et plus le doute s’installe dans les esprits du couple quant à la véritable identité de Nick et Gina…
Vous l’aurez compris, nous avons affaire ici à un “whodunit” partant sur une base des plus classiques. Avec ses trois couples —car les auto-stoppeurs referont leur apparition— dont l’un est forcément une paire d’assassins., l’histoire aurait pu s’en tenir à ce canevas mais c’était sans compter l’homme derrière toute cette entreprise, un certain David Twohy, déjà auteur d’un très bon Pitch Black et des non moins sympathiques The Arrival et Les Chroniques de Riddick. Ici portant la double casquette de scénariste et réalisateur, Twohy tire habillement son épingle du jeu en se jouant des clichés inhérents au genre, et même si les spectateurs les plus attentifs déjoueront le twist dans les premières minutes, l’intérêt est relancé une fois ce dernier révélé car faisant basculer le film dans le survival pur. Cette dernière partie, réjouissante à souhait, vient parfaire un métrage qui n’a d’autre ambition que celle de divertir.
Bien des qualités viennent agrémenter le film, comme une photo à tomber mettant en valeur les formidables décors naturels, ou encore un quatuor d’acteurs qui s’en donne à cœur joie sans jamais tomber dans le cabotinage, même Milla Jovovich est étonnante de justesse. David Twohy, sûrement pleinement conscient des (quelques) faiblesses de son script, a su insuffler à l’ensemble un rythme sans faille qui explose littéralement dans cette fameuse dernière bobine, split-screen, zoom ultra nerveux, petites incursions gore fort bienvenues, et scènes d’actions débarrassées de tout complexe mais aussi et surtout de l’effet “camera tremblotante” si prisé à Hollywood ces derniers temps. Tout cela achève de faire de cette Escapade Fatale un divertissement très bien troussé qui, sans atteindre le statut de chef d’œuvre, rempli parfaitement son office de série B efficace et hautement recommandable.