Un texte signé Yannik Vanesse

- 2012

DossierFEFFS 2012review

Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2012

La première chose qui frappe, en arrivant au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, c’est l’accueil qui est réservé à la presse. Peu importe l’importance du média, les organisateurs se montrent aimables, gentils, disponibles, et se plient en quatre pour nous permettre de voir des films et de faire des interviews dans les meilleures conditions possibles. Daniel Cohen, directeur artistique du Festival, et l’équipe de Dark Star Presse, dirigée par Lucie Mottier, ont ainsi tout fait pour nous offrir un très beau festival. Les bénévoles, tout de orange vêtus, furent pour beaucoup, eux aussi, dans la réussite de l’évènement. Courant dans tous les sens dans le village fantastique, pour remettre à la presse les billets permettant d’assister aux projections, servant bières, soda et tartes flambées à la vitesse de l’éclair, ou encore encadrant l’immense zombie walk, (3500 zombis selon la police) ils méritent amplement d’être remerciés et salués.
Mais un Festival n’est rien sans sa programmation et ses évènements. En ce qui concerne ces derniers, il y eut la fameuse zombie walk, qui, cette fois-ci, se déroula le lendemain du départ du festival, et qui permit à une horde de morts-vivants de traverser Strasbourg. Une exposition de maquettes de vaisseaux était aussi organisée, et des exposants étaient disséminés autour du village fantastique, le plus marquant faisant des œuvres d’art, à base de têtes de morts, d’orcs et d’aliens, sur du tissu, avec de l’eau de javel. Hallucinant !
Évidemment, ce qui attire les festivaliers, ce sont les films ! Le FEFFS s’allongeant de quelques jours, le nombre de métrages proposés, et répartis comme toujours en plusieurs catégories, put croître lui aussi,. Les rétrospectives tout d’abord, nous ont permis de découvrir ou de redécouvrir certains films. L’une était, fort à propos vue l’année en cours, consacrée au genre post-apocalyptique. Elle permettait, entre autres, de s’extasier devant MAD MAX 2 (en v.f. cependant) ou NEW-YORK 1997, ou de voir des raretés comme LETTRES D’UN HOMME MORT, métaphysique et poétique, ou le plaisant LE MONDE, LA CHAIR ET LE DIABLE. Mais cette rétrospective était aussi l’occasion de continuer le festival le temps d’une nuit un peu plus décalée, proposant, de minuit à 6 heures du matin le dernier jour, des grands moments de cinéma autres, avec 2019 APRES LA CHUTE DE NEW-YORK, LES RATS DE MANHATTAN, de l’immense Bruno Mattei, qui a laissé une empreinte si particulière dans le cinéma, et pour finir ATOMIC CYBORG !
L’autre rétrospective fut consacrée à Michael Powell et Emeric Pressburger, deux génies du cinéma. Leurs films ne sont certes pas des plus accessibles. Dans LES CHAUSSONS ROUGES, par exemple, le réalisateur se penche durant plus de deux heures sur le ballet, et LES CONTES D’HOFFMANN est une opérette dépassant largement les deux heures, elle aussi. Cependant, quelle incroyable leçon de cinéma ! Un sens des couleurs, des décors et de la mise en scène hallucinant, au service d’un imaginaire surprenant, et souvent nanti d’effets spéciaux époustouflants ! Ainsi, la scène de ballet de plus de vingt minutes dans LES CHAUSSONS ROUGES est tout simplement phénoménale, inventive, féérique !
La sélection Crossovers reprenait du service, permettant de voir des films pas vraiment fantastiques, mais utilisant certains codes du genre. Et, ne serait-ce que pour découvrir le bouleversant chef d’œuvre qu’est UN JOUR DE CHANCE, d’Alex de la Iglesia, cette sélection valait le détour, ce film n’étant pas le seul à mériter qu’on s’intéresse à lui.
Les Midnight movies, eux aussi, étaient de nouveau là, faisant vibrer Strasbourg de manière plus décalée que durant la journée. Ainsi, ils furent l’occasion de voir le très sage BAG OF BONES ; Mick Garris étant le président du jury, ce film était présent dans la sélection, de même que LA NUIT DECHIREE dans la collection Classics. GAMES OF WEREWOLVES dépeignait de façon très drôle, malgré quelques petits soucis de rythme, un village plein de loups-garous, IRON SKY faisait débarquer les nazis de la lune, et les New Kids reprenaient du service dans NEW KIDS NITRO, qui fit salle comble.
Comme l’année précédente, quelques documentaires étaient proposés. La présence de THE LIFE AND TIMES OF PAUL THE PSYCHIC OCTOPUS peut surprendre, le sujet étant des plus particuliers. Ce n’est cependant pas le cas de SIDE BY SIDE, s’intéressant au cinéma numérique, ou de ROOM 237, l’occasion pour un groupe de geeks de décortiquer, de manière surprenante, parfois drôle, mais surtout tirée par les cheveux, le chef d’œuvre qu’est SHINING. Leurs conclusions s’approchent plus souvent d’une tentative de masturbation intellectuelle plutôt dangereuse, car porte ouverte à tout un tas de décorticage de films tout aussi fondé sur rien ou presque. Cependant, cela donna une bonne raison de voir ou revoir SHINING, proposé en version longue, dans la collection Classics, ce qui n’est pas déplaisant, loin s’en faut, tant ce film à marqué le cinéma !
Quelques séances spéciales, comme RA ONE, ou ELFIE HOPKINS, sorte de Club des 5 sanglant, ou encore la tentative ratée de remake de MANIAC, s’ajoutaient à l’ensemble. Était aussi présent dans cette catégorie LE PETIT GRUFFALO, seul film pour enfant du festival. Et bien sûr, comme l’année dernière, deux salves de courts métrages français et internationaux étaient visibles, de même qu’un ciné-concert. Ce dernier permit de visionner le surprenant AELITA, film russe de 1924 aussi instructif sur le cinéma de l’époque, que drôle et passionnant. Et, avec une pianiste de grand talent et une bruiteuse phénoménale, le film prit une dimension toute autre !
Cependant, le gros morceau du festival était bien évidemment la sélection officielle. Et de ce côté là, les films proposés étaient vraiment de haut niveau ! ANTIVIRAL, par exemple, montre que le fils de David Cronenberg possède une véritable personnalité, bien qu’une partie de son univers cinématographique soit proche de celui de son père et, bien que ressortant hélas sans aucun prix, ce film est décidément prodigieux ! EXCISION, de son côté, mérite sa mention spéciale du jury, tant le métrage vaut le détour, en décrivant une jeunesse américaine malade, torturée, gangrenée par la nécessité de préserver les apparences et par le puritanisme. Tout cela avec une actrice prodigieuse et un univers onirique malsain. GRABBERS, très agréable série B, reçut l’adhésion du public, tandis que le bouleversant INSENSIBLES remporta le Méliès d’Argent. Un prix mérité, pour un film vraiment magnifique, recherche des origines d’un homme tout autant que d’un pays qui n’arrive pas à affronter son passé. INSENSIBLES est un petit bijou de cinéma, esthétiquement superbe, et scénaristiquement passionnant et minutieux ! RESOLUTION, par contre, repart tristement sans prix, et c’est dommage, tant sa créature est originale et l’ambiance mystérieuse superbement entretenue. SOUND OF MY VOICE, sympathique histoire de secte dirigée par une femme venant peut-être du futur, reçut l’Octopus d’Or. Beaucoup de ces films étaient des premiers longs pour leurs réalisateurs, et, dans la plupart des cas, ils révèlent des cinéastes intéressants, comme ce fut le cas de VICTIMES, film français de la sélection. Certes imparfait, ce métrage racontant la naissance d’un tueur en série est passionnant et donne envie de suivre son auteur, tout comme pour RESOLUTION.
Comme tout festival, le FEFFS s’ouvrait et se clôturait sur un film un peu particulier. Si, l’année dernière, un côté rentre-dedans avait été privilégié, avec SUPER et TUCKER ET DALE FIGHTENT LE MAL, cette année, les programmateurs ont préféré choisir des films plus touchants, drôles et poignants, comme les très beaux ROBOT AND FRANK en ouverture, et SAFETY NOT GARANTEED en clôture.
Ainsi, le FEFFS grandit encore. Plus de films, plus de réalisateurs présents,venant présenter tout aussi bien des films en compétition que des métrages provenant d’autres catégories, plus de projections de presse, mais toujours autant de gentillesse ! Le rendez-vous est déjà prit pour l’année prochaine !

De nombreuses interviews furent réalisées lors de ce festival, et peuvent être écoutées sur le site des films de la gorgone : http://www.lesfilmsdelagorgone.fr/mapage/index.html

Retrouvez nos chroniques du FEFFS 2012.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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