Un texte signé Éric Peretti

Argentine - 1969 - Armando Bo
Interprètes : Isabel Sarli, Armando Bo, Alba Múgica, Roberto Airaldi, Oscar Valicelli, Mónica Grey, Miguel A. Olmos, Hugo Mújica, Marcel Zenklusen

DossierLUFF 2012Offscreen 2013retrospective

Fuego

Alors qu’il se promène à cheval en montagne, Carlos aperçoit au loin une femme, Laura, qui se baigne nue dans le lac voisin. Fasciné par sa sculpturale beauté, il ne vit dès lors que dans l’espoir de la revoir. Il profite d’une soirée organisée dans le village pour l’aborder, alors que les autres femmes présentes médisent sur le compte de celle qu’elles qualifient de croqueuse d’hommes. Bien qu’ayant cédé facilement aux avances de l’entreprenant ingénieur, laissant espérer à ce dernier qu’il s’agit du début d’une belle histoire, Laura ne donne pas suite et continue à voir d’autres hommes. Follement amoureux, Carlos va la trouver pour lui proposer le mariage. N’étant pas insensible à son charme et sa gentillesse, elle accepte de devenir sa femme. Mais le bonheur est de courte durée, rapidement Laura arpente à nouveau les rues pour aguicher les hommes et s’offrir au premier venu. Désespéré face aux infidélité répétées de sa femme, Carlos fait part de sa situation à un médecin qui lui explique que Laura est victime d’une maladie hélas courante, la nymphomanie…
À la vision de FUEGO, on peut comprendre ce qui a motivé John Waters à vouloir le faire découvrir au public lors de la carte blanche octroyée par le LUFF. Flirtant avec le trash et la vulgarité, le film est un mélodrame sexué qui, avec son traitement au premier degré, vogue vers les sommets du kitsch. Dans le rôle de Laura, Isabel Sarli, Miss Argentine 1955, avec sa coiffure, ses faux cils démesurés et son physique pulpeux rappelle par moment Divine. Face à elle, dans le rôle de Carlos, Armando Bo, pygmalion de la star qui lui fera faire ses premiers pas dans le cinéma, lui offrira ses plus beaux rôles et dont elle sera la fidèle maîtresse jusqu’à sa mort en 1981, date à laquelle elle se retirera du cinéma.
FUEGO, c’est le feu qui dévore Laura de l’intérieur, un démon brûlant que seul le sexe peut apaiser. Laura est une victime dont tous abusent, à commencer par sa propre gouvernante, Andrea, qui profite de son emprise pour assouvir ses désirs saphiques. Mais Andrea, comme tous ceux qui s’approchent de Laura et obtiennent d’elle ce qu’ils désirent, se brûle les ailes et se consume d’amour, elle devient véritablement accroc. C’est là toute la malédiction de Laura, incapable de se maîtriser, elle est condamnée à faire souffrir ceux qui l’aiment, condamnée à s’éteindre un petit plus à chaque infidélité.
FUEGO se situe quelque part entre une telenovela racoleuse, le film de sexploitation et le drame psychologique, c’est une histoire d’amour impossible qui ne peut que se terminer tragiquement. Porté par l’amour que voue Carlos à Laura, Armando Bo à Isabel Sarli, le film, après nous avoir agacé par sa facture technique assez pauvre, fait rire par le ridicule de certaines situations, finit par nous toucher par la sincérité naïve avec laquelle il traite son sujet.

Retrouvez notre couverture de Offscreen 2013.


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- Article rédigé par : Éric Peretti

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