Giovannona Long-Thigh
De toutes les comédies sexy réalisées par ce grand artisan du cinéma populaire qu’est Sergio Martino, celles qui sentent le « Fenech » sont de loin les meilleures !
Entouré de ses collaborateurs attitrés, son frère Luciano à la production et au scénario, les frères De Angelis à la musique et Stelvio Massi (alors pas encore réalisateur) à la photo, Sergio Martino signe ici une petite comédie éloignée de toute sophistication mais néanmoins très efficace.
Lorsque le vénérable Commendatore La Noce, riche industriel à la tête d’une grande usine de fromages, est accusé d’avoir pollué une rivière, il lui faut un soutien de taille pour éviter d’être poursuivi par la justice. Il recherche alors la « protection » d’un élu local, mais ce dernier, carriériste devant l’éternel, ne veut surtout pas se compromettre. Alors que La Noce se croit perdu, son secrétaire, Albertini, découvre que l’élu en question a un point faible : il adore coucher avec les épouses de ceux qui ont besoin de lui. Si La Noce refuse que sa femme y passe, il convient avec Albertini de recruter une prostituée, Giovannona dite Coco, qu’il fera passer le temps d’un week-end chez l’élu, pour sa femme…
Le film démarre ainsi que les chapeaux de roues et le rythme ne faiblira jamais jusqu’au bout, emprunt d’une hystérie toute méditerranéenne. Les gags, bien que datés, font vraiment mouche (mention spéciale au conducteur aveugle) et les personnages font honneur au genre, à savoir une vraie comédie de boulevard à l’Italienne.
En effet, ici la mode est aux adultères divers et variés, aux sorties par les fenêtres et quiproquos en touts genres. La mécanique burlesque fonctionne, portée par un casting trois étoiles emmené par l’hilarant Pippo Franco au physique incroyablement drôle.
Edwige Fenech s’en sort également avec les honneurs, son charme innocent tranchant ici avec son langage particulièrement ordurier que son faux mari cherche à atténuer. Cela donnera une grande scène de comédie particulièrement réussie où elle impose son jeu face à des partenaires pourtant bien plus expérimentés en la matière.
Si le scénario n’apporte au final pas de vraies surprises, il est cependant empli de dialogues et de jeux de mots très construits qui peuvent facilement conduire au fou-rire.
Techniquement, Sergio Martino a comme toujours une parfaite maîtrise de la mise en scène, le scope est parfaitement utilisé, les cadrages pertinents et quelques envolées lyriques de découpage assurent le spectacle (ah cette plongée subjective sur la poitrine dénudée d’Edwige Fenech…).
Au-delà de la farce populaire que certains peuvent trouver grasse, GIOVANNONA LONG-THIGH égratigne l’Italie de l’époque, et notamment ses fervents croyants, tous aussi dévots que pêcheurs…et sans jamais être méchant ou cynique.
Potache et détendue, cette comédie peut décevoir par son avarice à déshabiller Edwige Fenech qui, en outre, sera la seule comédienne du film à jouer dévêtue.
Mais qu’importe, les intentions sont là, la mayonnaise prend, le casting s’en donne à cœur joie et Martino assume son côté potache jusqu’au bout.
