Un texte signé André Quintaine

Japon - 2003 - Takashi Miike
Interprètes : Sho Aikawa, Ken'ichi Endo, Kanpei Hazama, Shohei Hino, Renji Ishibashi

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Gozu

Takashi Miike fait partie de ces réalisateurs avec lesquels on est toujours surpris. Il est vrai que GOZU est différent de ce que l’on a l’habitude de voir, mais, en même temps, terriblement fidèle à l’univers de cet auteur japonais iconoclaste.

Le film commence par un rendez-vous entre yakuzas dans un restaurant, rien de très original. Soudain, l’un d’eux, Ozaki, interpelle le boss et lui montre du doigt le ridicule petit chien faisant le bonheur de deux jeunes filles dans la rue. Il explique qu’il s’agit d’un chien yakuza, un chien spécialement dressé pour attaquer et tuer les yakuzas. Il se rue alors sur le pauvre toutou et le massacre littéralement sur place, sous les yeux médusés de toute la galerie. Il n’en faut pas plus pour persuader le boss qu’il est devenu complètement fou. Il ordonne alors à un certain Minanmi de l’emmener en voiture dans une décharge où tous l’attendent pour le liquider. Sur le chemin, ils ont un accident de voiture et Minanmi pense que Ozaki est mort. Il s’arrête à un café pour appeler son boss et lui annoncer la nouvelle. Celui-ci lui demande de lui ramener le corps. En revenant à la voiture, Minanmi s’aperçoit que le fameux corps a disparu. On connaît bien cette histoire de cadavres volatilisés mais Takashi Miike s’est une fois de plus éloigné des conventions d’usage pour la traiter d’une façon complètement farfelue. Lorsque Minanmi pénètre dans le café pour demander si quelqu’un n’aurait pas vu Ozaki, il croise deux clients discutant inlassablement d’un seul et unique thème : le temps lourd et chaud qu’il faisait hier. Dans le café, la serveuse est en réalité un serveur portant un soutiengorge sous sa chemise transparente. Finalement, on le sert et il ne lui faut pas longtemps pour se précipiter aux toilettes et vomir tout ce qu’il vient d’ingurgiter. Dans sa quête, il est accompagné par un homme ” très ” attaché à lui et souffrant d’un problème de pigmentation de la peau. La tenancière de l’hôtel dans lequel il loge est excessivement attachée à la qualité de l’accueil que l’on réserve à ses clients et n’hésite pas à mettre la main à la pâte lorsqu’il s’agit de venir leur frotter le dos au bain où encore de leur servir un verre de lait de sa ” propre ” production.

GOZU est bien un film de Takashi Miike. Les personnages sont complètements fous et font des choses incroyables. Il n’y a plus de repères logiques et l’on va de stupéfaction en stupéfaction en même temps que Minanmi. Comme il semble désormais d’usage dans le cinéma de Takashi Miike, nous avons également droit à un final dont l’objectif est sans nul doute d’être encore plus barré que le reste du film. Certes, on peut se demander où Takashi Miike veut-il en venir. GOZU est en effet terriblement abstrait. La réponse ne se trouve certainement pas dans ce seul et unique film. Pour comprendre, il est sans doute préférable d’avoir une vue d’ensemble de son œuvre. De toute façon et même avec son rythme très lent et contemplatif, GOZU reste un produit sympathique. Il s’agit d’une sorte de parcours initiatique qui se regarde comme une expérience surréaliste. Autant le dire tout de suite, GOZU apportera de l’eau au moulin des détracteurs de Takashi Miike et comblera les autres.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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