Un texte signé Yannik Vanesse

Italie - 1976 - Sergio Garrone
Titres alternatifs : Lager SSadis Kastrat Kommandantur
Interprètes : Mircha Carven, Paola Corazzi, Giorgio Cerioni

Dossierretrospective

Horreurs Nazies – Le Camp Des Filles Perdues

L’action se passe dans un camp nazi, alors que la fin de la Seconde Guerre Mondiale approche. Seules de jolies jeunes femmes y sont enfermées. Certaines sont destinées à devenir prostituées, d’autres à subir de malsaines expériences, et d’autres encore doivent servir de reproductrices, de jolis soldats ayant été sélectionnés pour leur faire l’amour.

La nazisploitation est un genre cinématographique un peu étrange, aisément dérangeant de par son sujet. On y retrouve classiquement de vils nazis, des tortures sadiques et quelques séquences dénudées. LE CAMP DES FILLES PERDUES ne fait ainsi pas exception à la règle. Le métrage s’inscrit complètement dans le cinéma d’exploitation italien des années 70 et 80. Sergio Garrone, réalisateur et co-scénariste, a beaucoup œuvré dans le bis, livrant entre-autre deux Django (DJANGO IL BASTARDO et UCCIDI DJANGO… UCCIDI PER PRIMO) et qui revient à la nazisploitation l’année qui suit LE CAMP DES FILLES PERDUES, avec SS LAGER 5 : L’INFERNO DEL DONNE. Ce dernier verra revenir la sublime Paola Corazzi, qui incarne ici la troublante Mireille, prisonnière qui conduit ce camp à sa perte. Un message, au début du métrage, annonce que ce film est tiré de faits réels. Il faut bien évidemment prendre cette assertion avec des pincettes. L’idée vient certes de certaines expériences faites par les nazis pendant la guerre, mais le scénario transforme ces pratiques pour en faire du cinéma d’exploitation pur et dur.

LE CAMP DES FILLES PERDUES est ainsi un film aussi classique que prévisible dans ce genre codifié qu’est la nazisploitation. De ravissantes prisonnières y évoluent, et Sergio Garrone prend soin de les dévêtir le plus souvent possible, les filmant alors sous toutes les coutures, les actrices dévoilant ainsi leur beauté très ancrée dans l’époque du film (1976), avec une pilosité abondante. Le réalisateur émaille le métrage de quelques scènes érotiques plaisantes pour l’oeil, mais plutôt courtes, prouvant qu’il ne cherche pas à verser dans l’érotisme pur. Il rajoute bien sûr un peu de lesbianisme, toujours agréable dans ce genre de métrage. Les tortures ne sont pas très nombreuses, mais se révèlent amusantes, avec quelques moments sadiques, une prisonnière se retrouvant à cuire, puis à geler, dans une piscine, l’utilisation d’électrochocs, ou autres moments de ce genre, avec quelques vils nazis ricanant autour.
LE CAMP DES FILLES PERDUES se veut, par moment, assez sanglant, avec plusieurs opérations filmées en gros plan, ou une femme agonisante, pendue par les pieds, mais le métrage suit une telle routine que, finalement, le spectateur finit par assister à ce spectacle d’un œil blasé. Pourtant, le film surprend lors d’étranges crémations, où les cadavres s’agitent de soubresauts, donnant au film une note onirico-poétique aussi déplacée qu’intéressante.
Les acteurs s’y révèlent assez aléatoires. S’ils jouent très bien les nazis sadiques (Serafino Profumo, qui a vraiment la tête de l’emploi, est parfait en sergent nazi prenant plaisir à torturer ses victimes), le chef du camp est assez inexpressif, et les gros plans sur ses yeux, lors de scènes clés, ratent ainsi leur objectif.
LE CAMP DES FILLES PERDUES surprend un peu, quand il quitte le territoire de l’alternance tortures et séquences érotiques, en révélant le plan du dirigeant du camp, qui se livre, par nécessité, à une horrible opération, qui précipitera son camp à sa perte. Mais cela survient assez tard, et si le métrage n’est pas inintéressant à regarder, il s’oublie hélas bien vite, faute à son manque d’originalité et aux rails balisés qu’il emprunte.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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