Un texte signé Nassim Ben Allal

République Tchèque - 2009 - Lorenzo Van Canne, Alexander Lance
Interprètes : Misha, Lucy, Belicia, Jana

review

House of dreams 1&2

Au royaume de la pornographie gonzo, dans laquelle ne compte plus que l’acte en lui-même filmé le plus souvent de manière subjective sans aucun soucis de lumière ni d’esthétique (si ce n’est son esthétique propre constituée de cette absence de soucis esthétique, cqfd), l’érotisme est roi. Il ne s’agit pas ici de régler son compte en quelques lignes au gonzo (genre dominant adoubé par le consommateur qui, il est vrai, possède à la fois ses codes et procède d’une vélocité propre à la narration des meilleures séries américaines du moment), mais simplement de souligner que l’érotisme est relégué loin derrière depuis un bon moment, notamment à cause du web. Et pourtant, quelques irréductibles continuent d’œuvrer dans le genre et, au-delà de personnalités aussi éloignées que Lloyd A. Simandl et Tinto Brass, certains mélangent érotisme, sensualité d’une manière de plus en plus piquante, s’éloignant ainsi de l’aspect désuet de l’érotisme sans pour autant tomber dans le hard pur et dur. C’est ici le cas avec ces deux films miroirs, dytique de deux fois quarante-cinq minutes.
Allongée dans son lit, endormie ou rêvant éveillée, une jolie jeune femme toute de lingerie sexy vêtue, se masturbe. Elle s’imagine évoluant dans un établissement scolaire abandonnée où, perdue parmi les murs sans personnalité, elle croise une autre jeune femme avec laquelle va alors s’engager un jeu de séduction. Film miroir, le second opus apporte une variation sur la même histoire avec deux nouveaux personnages.
Surprenant au sein d’un marché dont le manque de créativité (ou l’envie de créativité) s’impose comme la norme, ces deux HOUSE OF DREAMS apportent une bouffée d’air frais. Sans pour autant redéfinir un genre ou le transcender, les deux réalisateurs soignent leur produit en y apportant une vraie facture esthétique (par le biais notamment d’une sublime lumière naturelle de fin de journée) et une distance visuelle qui éloigne ainsi le film de toute volonté clinique et gynécologique. Sans réel scénario, uniquement porté sur la rêverie de ses personnages dont les fantasmes se retrouvent mis en abîme par une structure que ne renierait pas David Lynch (nous ne sommes jamais loin de la bande de Moëbius qu’il a utilisé pour raconter LOST HIGHWAY), les deux films se composent uniquement de scènes saphiques du plus bel effet. Dosant l’intensité hardcore de chaque scène, les réalisateurs montent crescendo pour offrir à chaque fois un climax intense, qu’il soit visuel ou sexuel. Les comédiennes, dotées de physiques parfaits et de traits rappelant plus la « girl next door » américaine que sa cousine botoxée, contribuent au fantasme en y apportant une dimension réaliste paradoxale puisque l’ambiance est totalement onirique.
En résulte alors un film plaisant, certes répétitif, mais suffisamment créatif (dans les limites du genre et de son budget minime), langoureux et voluptueux pour susciter un certain intérêt. Avis aux intéressés : si M6 désir raviver sa mythique case du dimanche soir, voilà le type de film qu’elle pourrait diffuser afin d’éviter de se ringardiser.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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