Un texte signé André Quintaine

USA - 2005 - Steven R. Monroe
Interprètes : Dennis Hopper, Kelly Brook, Hippolyte Girardot, Susie Amy, Morven Christie, Peter Capaldi

review

House of Nine

Neuf personnes se réveillent dans une maison. Ils ne se connaissent ni d’Eve, ni d’Adam. Ils ne savent pas ce qu’ils font là mais une voix va leur exposer les règles du jeu en quelques phrases. Ils sont neuf et une seule personne sortira vivante de la maison. Le survivant empochera les 5 millions de dollars. Les portes et les fenêtres sont murées, des caméras sont installées un peu partout et la maison reproduit les inégalités du dehors… Il n’y a pas assez de nourriture et de lit pour tout le monde. Quant aux 9 sélectionnés, ils symbolisent la diversité de la société humaine.
A partir de cet instant, il est facile d’imaginer ce que sera le message délivré par Steven R. Monroe qui reconstitue une micro société enfermée entre 4 murs. Quatre murs qui symbolisent notre monde ou notre incapacité à dépasser nos préjugés, convoitises et autres intolérances.
Cinq des 9 personnes sélectionnées par le maître du jeu représentent les différentes couches sociales. Parmi les 4 autres, nous avons un flic qui cherche, en vain, à exercer son autorité pour faire régner le calme ; il faut dire qu’il est le seul à être armé. Il travaille main dans la main avec un prêtre qui, comme dans le vrai monde, ne parvient pas à être crédible auprès des brebis égarées qui, soit tentent simplement de survivre, soit tombent dans une dépression, soit complotent contre les autres pour sortir vivant et riche de cette histoire. Le personnage le plus emblématique reste néanmoins le black, rappeur, délinquant. Sa haine envers la société est trop forte. Il ne parvient pas à la canaliser et, comme dans le monde réel, elle provoque des accidents mortels. Même dans un espace réduit, les autres protagonistes qui incarnent la société ne parviendront pas à empêcher l’inévitable, un chaos généralisé. Tous les 9 répèteront sottement les mêmes erreurs qu’ils commettent dans la société. Individualistes, juchés sur des principes éculés et vides, ils vont tout simplement et bêtement reproduire les inégalités existantes. HOUSE OF 9 démontre humblement, mais de manière très pessimiste, qu’il n’y a pas d’espoir, du moins si on persiste à laisser perdurer une société pétrie d’inégalités.
Si HOUSE OF 9 ne semble pas très novateur, il délivre néanmoins un message juste et sans compromis. La plupart des films qui traite de la question est en effet pétrie de bonnes intentions et le black, pour ne pas le citer, apparaît toujours comme un personnage positif. Ici, il ne parviendra pas à dépasser la violence qui est en lui et provoquera le drame. Evidemment, on peut faire le même reproche aux autres personnages qui ne réussissent pas à canaliser sa violence. Si le black apparaît plutôt comme une victime de sa condition, la vraie ordure du métrage est le personnage incarné par Hippolyte Girardot. Et oui, cocorico, c’est encore nous les vrais méchants de l’histoire ! Pour ceux qui auraient oublié Hippolyte Girardot, rappelons qu’il était le paumé d’UN MONDE SANS PITIE, film qui avait marqué son époque et surtout sa jeunesse désabusée. Quoi qu’il en soit, entre nous, une petite vingtaine d’années plus tard, l’acteur a perdu de son sex-appeal…
Egalement de la partie, Dennis Hopper prend le rôle du curé. Son jeu n’a rien d’exceptionnel puisqu’il arbore simplement un air navré tout du long du métrage.
HOUSE OF 9 serait un simple mais bon divertissement s’il ne possédait pas, en plus, un message nihiliste. Les personnes adeptes de ce sujet devenu courant depuis CUBE et autres SAW seront en terrain connu mais surpris du parti pris ambitieux de Steven R. Monroe.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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