Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Grande Bretagne - 1983 - Pete Walker
Titres alternatifs : Le manoir de la peur
Interprètes : Christopher Lee, Vincent Price, Peter Cushing, Desi Arnaz Jr., John Carradine,

retrospective

House of the long shadows

Cinéaste anglais spécialisé dans l’exploitation, Pete Walker connu une carrière relativement courte qui s’étend de la toute fin des années ’60 jusqu’au début des années ’80. En quinze ans (et autant de long-métrages), Walker s’illustra principalement dans les domaines de l’érotisme et de l’épouvante. On lui doit ainsi un film « sexy » en relief (FOUR DIMENSIONS OF GRETA), quelques psycho thrillers proches du giallo (DIE SCREAMING MARIANNE, SCHYZO et THE COMEBACK) et une poignée de métrages d’intérêt divers, remarqués pour leur sadisme et leur anticléricalisme radical (FLAGELLATIONS, MORTELLES CONFESSIONS, etc.).

En 1983, sous l’égide de la Cannon, Pete Walker se pique d’adapter une pièce de théâtre quelque peu poussiéreuse, elle-même tirée d’un roman à suspense d’Earl Derr Biggers, le créateur du détective chinois Charlie Chan. Le roman « La septième clé », publié en 1913, connut une douzaine d’adaptations officielles, de la première, en 1917, à celle qui nous occupe aujourd’hui.

La grande idée de HOUSE OF THE LONG SHADOWS, qui fut d’ailleurs son principal argument publicitaire, consiste à rassembler trois stars de l’épouvante : Christopher Lee, Vincent Price et Peter Cushing, auxquels s’adjoint encore John Carradine. Un magnifique casting pour un résultat, malheureusement, sans grande saveur.

L’écrivain Kenneth Magee et son éditeur discutent littérature : le second affirme que le premier ne pourrait écrire un grand roman gothique dans la veine des « Hauts de Hurle vent ». Magee objecte qu’il pourrait en rédiger un en 48 heures. Pari tenu par l’éditeur qui accepte les conditions du romancier : lui trouver un endroit isolé où il pourra se consacrer entièrement à son travail durant deux jours. Magee s’installe donc dans le sinistre manoir de Baldpate, lequel appartient à la vielle famille des Grisbane depuis des générations. Durant la soirée, différentes personnes s’invitent à Baldpate et Magee apprend le secret de la résidence : quarante ans plus tôt, Roderick Grisbane, un meurtrier, a été enfermé dans la maison par le reste de sa famille. Or, Roderick s’est échappé…

Véritable témoignage de la fin d’une époque, HOUSE OF THE LONG SHADOWS, quoique financé par les fameux duettistes Menahem Golan and Yoram Globus, s’apparente au chant du cygne de l’épouvante britannique traditionnelle, impression forcément accentuée par la présence de comédiens emblématiques des décennies précédentes qui n’eurent plus, par la suite, l’occasion de retravailler ensemble. Malheureusement, le reste du casting ne se hisse pas, loin de là, à la hauteur de ces monstres sacrés et Pete Walker, peu inspiré, se contente de balader sa caméra dans les couloirs d’une vaste demeure en espérant créer une atmosphère d’angoisse. Rien ne fonctionne vraiment, hélas, et les lenteurs et baisses de rythme sapent peu à peu tout intérêt jusqu’à un climax particulièrement stupide (mais mémorable) qui multiplie les rebondissements de situation improbables jusqu’à l’absurde.

Une curiosité sympathique (du moins sur le papier) mais une terrible déception en regard des personnalités impliquées dans ce médiocre hommage à l’épouvante « old school ».


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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