Un texte signé Yannik Vanesse

retrospective

In 80 Betten Um Die Welt

Une hôtesse présente le film chaud du soir, un documentaire dans lequel elle visite plusieurs villes du monde (Paris et Amsterdam entre-autre) pour y découvrir certaines pratiques sexuelles dans lesquelles elle plonge avec délice.

Jess Franco, défunt réalisateur prolifique, est un maître du cinéma bis. S’il est surtout connu pour les films qu’il a tourné avec son égérie et compagne Lina Romay (LA COMTESSE NOIRE ou CELESTINE, BONNE A TOUT FAIRE ou encore LE MIROIR OBSCENE par exemple), il a oeuvré de manière prolifique pour tous les genres du cinéma d’exploitation jusqu’à sa mort en 2013. L’HORRIBLE DOCTEUR ORLOF avait marqué les esprits, mais le réalisateur aime surtout marier de l’érotisme plus ou moins soft à des ambiances horrifiques tendant parfois à l’onirisme. Il est possible de citer LES INASSOUVIES. SUMURU, LA CITE SANS HOMME, marquait par des costumes semblant sortie d’un délire kitsch complètement assumé, dans lequel le réalisateur n’hésitait pas à ajouter des stock shot pour gonfler la durée de son film. Oeuvrant dans tous les territoires qui peuvent lui fournir matière à faire un film, c’est en Suisse, avec un tournage en allemand, que nous le retrouvons pour ce IN 80 BETTEN UM DIE WELT, porté par l’inoubliable plastique de son hôtesse, la sublime Esther Moser, qui mérite à elle seule la vision de ce film.

Jess Franco aime les ambiances sexy plus ou moins osées, comme le prouve nombre de ses œuvres. IN 80 BETTEN UM DIE WELT va plus loin, optant pour du porno hard. Typique des années 70, il surprendra les amateurs de gonzo actuel en dévoilant des sexes très poilus et des plastiques bien plus naturelles qui ne pourront que plaire aux nostalgiques d’une sexualité qui n’était ni préfabriquée, ni formatée. Les sexes de femmes sont très beau, mais les séquences hard ne sont pas ce qui intéressent le plus dans ce film, le réalisateur se contentant en effet de faire des gros plans sur des sexes en action.
Les hommes sont souvent bedonnants et bien en chair, mais les femmes sont d’une beauté délicieuse, en particulier Esther Moser, qui anime le film en le présentant, que ce soit en personne ou en voix off. Elle explique toujours où elle nous emmène, donnant invariablement de son corps dans la destination proposée. Le moment le plus agréable du film est quand elle nous présente une femme conservant la jeunesse grâce à des bains de sperme, et qui recrute des jeunes femmes pour récupérer la substance dont elle a besoin. Sa manière de recruter étant de leur faire l’amour, le spectateur a droit à une scène saphique particulièrement excitante, où les gros plans hard méritent le détour, la langue de l’une s’affairant délicieusement sur le sexe de l’autre.
Au-delà de cette séquence, IN 80 BETTEN UM DIE WELT alterne les ambiance, entre clichés de carte-postale et séquences surréalistes, comme le cours de masturbation, avec ou sans utilisation d’objets. Le spectateur, amusé, se prend au jeu de découvrir le même groupe d’acteurs alternant les rôles, ainsi que les mêmes décors réutilisés dans les différentes scénettes. Le film s’emploie à s’essayer à plusieurs ambiances, entre humour quasiment non-sensique, ambiance onirique ou sulfureuse, cette dernière se réussissant surtout dans les séquences d’amour entre filles. Car, en plus de l’enrôlement de l’hôtesse dans la récolte de sperme, la participation de notre égérie à une scène de théâtre particulièrement chaude reste inoubliable. Mais le réalisateur nous emmène aussi dans une messe noire kitsch, ou encore faire la connaissance d’une domina irrésistiblement drôle.
Les scénettes se suivent et ne ressemblent pas, multipliant les ambiances, et au final IN 80 BETTEN UM DIE WELT devient un spectacle de tous les instants, difficilement classable ou racontable mais qui mérite le détour, pour ses différentes ambiances et son kitsch assumé qui ne peut que plaire à l’amateur de films bis particulièrement fous.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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