Un texte signé Patrick Lang

Grande Bretagne, Irlande - 2005 - Billy O'Brien
Interprètes : John Lynch, Ruth Negga, Sean Harris, Essie Davis, Marcel Lures

review

Isolation

Une vétérinaire est appelée dans une ferme pour examiner une vache enceinte, presque à terme.
Un scientifique, qui utilise ces vaches pour ses expériences génétiques, l’accompagne. Un examen rectal s’impose (!), mais voilà que notre vétérinaire en plein « travail » sent une mâchoire se refermer sur sa main…
Tout le monde se doute qu’il y a anguille sous roche, mais le scientifique réussit à convaincre la blessée que ce n’est rien. D’autres événements, de plus en plus étranges, vont permettre de confirmer que toutes ces expériences ont des répercussions dangereuses sur les foetus bovidés qui mutent en quelque chose… d’innommable ! De plus, ils se reproduisent à une vitesse folle !
Le génocide de ces « bestioles » réussit à nos héros. Et pourtant, une seule leur donne du fil à retordre, au fur et à mesure que grandissent son appétit et sa taille…
C’est sur les dangers de la génétique que le réalisateur base son histoire, chose que l’on a vue maintes fois dans d’innombrables films. Mais là où Billy O’Brien innove, c’est le contexte car il a eu la bonne idée de placer son décor et ses monstres dans une ferme.
L’idée de veaux mutants pourrait prêter à sourire mais ISOLATION n’est nullement une production Z (malgré le budget moyen dont il dispose). Jamais le film ne se tourne vers la comédie ou les délires trash d’une production troma par exemple.
D’ailleurs, on peut citer le traitement des personnages, qui est ici d’une grande profondeur. Le réalisateur s’attarde souvent sur les relations qu’ils peuvent avoir entre eux et leur humanité.
Le rythme du film est assez posé (lent, dirons les plus impatients d’entre vous). Mais, c’est juste que le réalisateur préfère installer un décor et nous présenter ses personnages. Cela lui permet de nous rapprocher d’eux, de nous sensibiliser à leur condition.
Cela nous implique bien sûr plus avant dans le métrage mais cette approche souligne également les scènes-choc et les moments de tension. Car ISOLATION génère des nombreuses situations intenses, pour notre plus grand plaisir, pour peu qu’on laisse le rythme du film se lancer.
On peux citer notamment les examens de corps (humains et animaux) déchiquetés et une très belle et très effective virée dans une mare de boue. Cette dernière tourne en effet à un pur moment de terreur que n’aurait pas renié LES DENTS DE LA MER.
Les effets spéciaux signés Bob Keen (qui a participé à ceux de STAR WARS épisode IV et à la trilogie HELLRAISER, entre autres) sont parfaits. Rappelant parfois THE THING (effets spéciaux de Rob Bottin) version Carpenter, ceux-ci sont parfaitement utilisés et maîtrisés, et tout ça sans l’utilisation d’effets digitaux s’il-vous-plaît ! D’ailleurs, le réalisateur ne se gêne pas pour nous faire profiter du talent de Mr Keen. Et le gore n’est pas en reste car (presque rien) n’est filmé hors champ !
Les boyaux encore fumants sont de toute beauté si vous me permettez cette expression !
Mais ce qui pourrait déconcerter, voire agacer certains, c’est le choix de Billy O’brien de ne montrer sa bête que furtivement, même à un stade avancé de son métrage.
Ce choix a pour résultat une tension supplémentaire et peut in fine se comprendre.
En résumé, on se trouve devant un film qui prend tout son temps pour raconter une histoire, avant que le film ne démarre au quart de tour pour nous réjouir de purs moments d’angoisse.
Les acteurs s’en sortent avec les honneurs car ils sont tout à fait crédibles dans leurs rôles respectifs et convainquent totalement avec la touche d’humanité et de profondeur en plus qu’il faut, en dévoilant par exemple la part d’ombre qu’ils ont en eux.
ISOLATION est tout simplement une production plus que fréquentable. Son sérieux assumé force le respect, malgré une idée de départ pas forcément facile à adapter pour le grand écran et le choix du réalisateur de rarement montrer le monstre, même à la fin de son film. Mais bon, un film qui sait prendre des risques n’en est que plus appréciable !


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- Article rédigé par : Patrick Lang

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