Un texte signé Vincent Trajan

Italie - 1971 - Mel Welles
Interprètes : Joseph Cotten, Rosalba Neri, Mickey Hargitay, Paul Müller

retrospective

Lady Frankenstein

Surfant allègrement sur le regain d’intérêt du public pour le mythe de Frankenstein, notamment grâce à la Hammer qui a remis le monstre au goût du jour, via six films de 1959 à 1974 avec Peter Cushing (THE REVENGE OF FRANKENSTEIN, THE EVIL OF FRANKENSTEIN, FRANKENSTEIN CREATED WOMAN, FRANKENSTEIN MUST BE DESTROYED, THE HORROR OF FRANKENSTEIN et FRANKENSTEIN AND THE MONSTER FROM HELL), le cinéma italien n’est pas en reste, puisque le réalisateur expatrié américain Mel Welles (Gravis Mushnik dans LA PETITE BOUTIQUE DES HORREURS de Roger Corman) signe en 1971 LADY FRANKENSTEIN, avec au casting Joseph Cotten (DE LA TERRE A LA LUNE), Rosalba Neri (99 WOMEN de Jess Franco), Mickey Hargitay et Paul Müller.

La fille du Baron Frankenstein, Tania (Rosalba Neri) vient de terminer ses études de médecine et revient auprès de son père qui travaille sur la réanimation des corps, assisté par le Dr Marshall et son serviteur attardé mental, Thomas. Le lendemain, Frankenstein et son assistant réussissent à redonner la vie à un condamné à mort récemment exécuté. Très vite, le monstre devient incontrôlable et assassine le Baron Frankenstein avant de s’enfuir. Tania décide alors de continuer les travaux de son père avec l’idée de transplanter le cerveau du Dr Marshall dans le corps de Thomas. Pendant ce temps, la créature sème le chaos sur son passage et semble bien décider à se venger…
A l’image des nombreux films de Frankenstein produit par la Hammer en l’espace d’une petite quinzaine d’années, Mel Welles se contente de suivre le mouvement gothique et délivre dans LADY FRANKENSTEIN, sa propre version de la créature de Mary Shelley agrémentée d’un érotisme soft au fil de quelques scène de nu, afin de coller à la nouvelle liberté sexuelle de ce début des 70’s, mais tout en s’efforçant en parallèle de respecter un minimum la trame du FRANKENSTEIN de 1931 avec Boris Karloff (la scène où le monstre jette un enfant dans l’eau est remplacée ici par une femme nue…).
Pour ce faire, le metteur en scène apporte aussi un soin particulier aux costumes, aux décors et aux ambiances du gothique à l’italienne, pour donner à son film une légitimité artistique et ce, malgré un maquillage du monstre pas tellement réussi. Mais ce petit défaut est vite gommé par quelques scènes horrifiques plutôt bien ficelées (les meurtres sont assez crus, la bataille finale est sanglante…) et un jeu d’acteur solide qui se fond à merveille dans la réalisation appliquée de Mel Welles.
Certes, ce LADY FRANKENSTEIN est loin d’être inoubliable tant les turpitudes de Tania Frankenstein et de Marshall nous semblent parfois assez floues, notamment en ce qui concerne leurs rapports amoureux et les sombres desseins de la belle qui utilise sans vergogne ses charmes pour parvenir à ses fins, mais l’ensemble reste cohérent et ô combien homogène.

A l’arrivée, LADY FRANKENSTEIN est loin d’être un mauvais film en soi et dispose de sérieux atouts, notamment dans sa direction artistique certes traditionnelle, mais plutôt bien soignée. Et même si l’originalité n’est pas toujours de mise dans cette relecture du mythe de Frankenstein, force est de constater que Mel Welles a su respecter à la lettre tous les codes du genre (de l’univers des classic monsters jusqu’à la nouvelle vague de la Hammer) et encrer son récit dans les ambiances libertaires de ce début des 70’s…


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- Article rédigé par : Vincent Trajan

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