Un texte signé Nattie Descamps

usa - 1958 - Nathan Juran
Titres alternatifs : Attack of the 50 foot woman
Interprètes : allisson Hayes, William Hudson, Yvette Vickers, Roy Gordon, Georges Douglas

retrospective

L’attaque de la femme de 50 pieds

Un présentateur télé annonce qu’un OVNI a été repéré et va bientôt atteindre le territoire américain.
Quelque part, en Amérique, une femme fonce dans sa décapotable sur une route déserte. Cette femme, Nancy Archer, tombe nez à nez, avec la main poilue gigantesque d’une créature gigantesque…L’infortunée s’échappe et informe, paniquée, les autorités. Son entourage, mari compris, pense encore à un délire d’alcoolique, jusqu’à ce qu’elle se transforme de façon spectaculaire…

Le destin de Nancy l’irradiée rejoint le schéma classique du film de genre populaire. Le réalisateur, Nathan Juran, qui tourne ici sous le pseudonyme de Nathan Hertz, est connu pour ses sympathiques séries B, tels que LE SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD (1958) ou encore JACK LE TUEUR DE GEANTS (1962).
Le contexte, est celui des années 50, celui de la guerre froide, de la grande peur du nucléaire et des expérimentations scientifiques ratées, dont les films de science fiction se font alors l’écho. On pense à la MOUCHE NOIRE de Kurt Neumann de 1958, à TARENTULA de Jack Arnold (1955) et comment ne pas songer au fameux DEADLY MANTIS du même Nathan Juran (1957).
Les radiations nucléaires créent des mutations dont les animaux, les insectes et parfois les humains, hommes et femmes, sont les principales victimes: la femme géante à sa place à côté des tarentules et des mantes religieuses !!! Quel programme !
Voilà ce qui arrive à Nancy, une ménagère de moins de 50 ans qui fuit dans l’alcool un époux infidèle et sa maîtresse. La rencontre de cette femme férocement jalouse avec un globe extraterrestre phosphorescent change le cours de son destin…à tout jamais…pour le meilleur et pour le pire…

Pas de surprise particulière, c’est un film drive in, un de ces films fait avant tout pour amuser et divertir. Il s’agit d’en donner un maximum avec un minimum de moyens.
Son budget est très limité, ses décors pas toujours très crédibles et ses effets spéciaux suggèrent plus qu’ils ne montrent. Mais l’originalité du pitch et une certaine nostalgie pour les effets spéciaux d’antan, ne peuvent que ravir le spectateur d’aujourd’hui. Les acteurs, qui ont tous une carrière dans le film de série B américain, sonnent juste, mais sans plus. L’intrigue autour des motivations de la présence de l’extraterrestre sur terre et une vague histoire de cristaux censés justifier cette présence, est plutôt floue et pas intéressante, on la zappe d’ailleurs assez vite: le seul intérêt du film est, en effet, Nancy, sa taille gigantesque et son incroyable potentiel de destruction.

Car Nancy n’est pas seulement un monstre, une ménagère hystérique de cinquante pieds, capable de rappeler à l’ordre de sa voix tonitruante n’importe quel époux indélicat (et le sien n’est vraiment pas sympathique, à se demander ce qu’il en serait si ce genre d’aventure arrivait à d’autres ménagères névrosées !), c’est aussi une pin- up taille XXL, une créature superbe qui se balade en petite tenue affriolante dans toute la ville, et qui saura faire un usage furieux de sa grande taille…
Voilà ce qui plaira aux féministes et aux autres!! Les conséquences de l’entrée de l’extraterrestre dans cette vie tragiquement banale sont amusantes, les dialogues sont souvent drôles, surtout quand ils tentent de donner un crédit scientifique à l’intrigue et les ellipses de la mise en scène offrent de belles parties de rigolade. Bien entendu, le principal intérêt des effets spéciaux est de montrer le maximum de destruction en un temps record ; on connaît, dès lecture du titre, la trame, aucun mystère donc. Mais, cela n’empêche pas d’attendre avec impatience et frissons la mutation supersonique et accélérée de notre héroïne. A la fin, la morale, gentiment transgressive, reste bien entendu sauve.
Ce film a tout pour susciter la curiosité de l’amateur et de l’amatrice de films fantastiques. Cette figure de la femme géante est un classique, au point que Nancy est entrée dans la légende des monstres de cinéma à visage humain. D’ailleurs, qui ne connaît pas l’affiche ultra célèbre ? Ce film est si culte qu’un remake avec Darryl Hannah dans le rôle de Nancy Archer a été tourné en 1993 par Christopher Guest.


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- Article rédigé par : Nattie Descamps

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