Un texte signé André Quintaine

Mexique - 1959 - Rafael Baledón
Titres alternatifs : El Hombre y el Monstruo
Interprètes : Enrique Rambal, Abel Salazar, Martha Roth, Ofelia Guilmáin

retrospective

L’Homme et le Monstre

Ricardo a vendu son âme au diable pour devenir le plus grand pianiste de tous les temps. Evidemment il y avait une clause non mentionnée au contrat : Chaque fois que Ricardo joue du piano, il se transforme en un monstre absolument répugnant ! Comme il ne peut plus se produire en public, il s’est exilé dans une maison isolée à la campagne. Là, il se consacre à son élève, une belle jeune fille qui ressemble comme deux gouttes d’eau à sa rivale d’avant qu’il ne conclu le pacte et qu’il a assassiné après s’être transformé en une créature abjecte. Il garde d’ailleurs son cadavre dans une pièce…
C’est toujours difficile d’imaginer que les Mexicains aient pu avoir envie de faire des films gothiques. Pourtant, c’est ce qu’ils ont fait de nombreuses fois et L’HOMME ET LE MONSTRE est assurément un film gothique. La vieille demeure isolée, cette famille qui survit tristement avec une terrible malédiction qui pèse sur ses épaules, des toiles d’araignées qui recouvrent les meubles et surtout ce brin de perversion avec un cadavre que Ricardo conserve pour on n’ose imaginer quelle raison… Pas de doute, nous sommes en plein dans un film gothique !
Dans ce décor, L’HOMME ET LE MONSTRE brasse plusieurs thèmes issus de chefs-d’œuvre du fantastique. Ce compositeur maudit par le pacte qu’il a conclu avec le diable fait évidemment penser à Faust, mais l’on pense aussi au Fantôme de l’Opéra lors d’un final grandiose où sa monstruosité est révélée au public. Bien sûr, les transformations de Ricardo évoque également celle du bon Dr Jekyll en Mister Hyde.
Si le Mexique a produit de nombreux navets, L’HOMME ET LE MONSTRE ne fait assurément pas partie de cette catégorie de films. L’interprétation est de bonne qualité (on retrouve d’ailleurs Abel Salazar, héros de nombreuses bandes fantastiques mexicaines malgré un charisme peu enthousiasmant) tout comme la réalisation. La photographie ne donne pas beaucoup de personnalité au métrage, en revanche, on trouve de-ci de-là de nombreuses idées sympathiques qui apportent une réelle profondeur au film. Le personnage de Ricardo, par exemple, est unique en son genre. Il ne regrette nullement le pacte qu’il a conclu avec le Diable. La gloire ne l’intéresse pas. Il est simplement heureux de jouer merveilleusement du piano. Le soir, il joue pendant des heures après s’être enfermé et avoir jeter la clé au-dehors par la fenêtre. Une précaution à prendre car il devient alors très violent. C’est dans cette même pièce où il s’isole des autres qu’il a caché le cadavre de celle qu’il idolâtrait et qu’il a tué à contre cœur…
Il s’agit du personnage le plus intéressant, avec également sa mère qui, comme toute bonne maman, est désespérée mais veille sur son fils. Abel Salazar et Martha Roth ont beau être les héros de cette histoire, ils ont tous les deux bien du mal à captiver notre attention.
En mélangeant différentes histoires et en dressant le portrait d’une famille maudite dont les réactions sont tout à fait crédibles et réalistes, L’HOMME ET LE MONSTRE s’assure d’être bien plus qu’anecdotique et d’être tout simplement un bon film fantastique, qui a très bien vieilli de surcroît.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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