Un texte signé Tom Flener

France - 1974 - Jean-Marie Pallardy
Titres alternatifs : L'Amour aux Trousses
Interprètes : Willeke van Ammelroov, Corinne Marchand, Michel Lemoine…

retrospective

Love Connection

Francis (Michel Lemoine) et Patrick Baumel sont deux frères héritiers d’un journal. Quand Patrick découvre la femme de son frère, Laurence (Willeke van Ammelrooy), dans les bras de Paul, le rédacteur en chef, il est tué. Francis, encore sous le choc de la mort de son frère, se laisse convaincre par sa femme de passer quelques jours dans l’ancienne maison de ses parents. Là, en compagnie d’Agnès, la tante de Francis (Corinne Marchand), Laurence poursuit ses propres plans en ce qui concerne son mari. Entre-temps, l’officier Blanquet (Georges Guéret) mène son enquête sur la mort de Patrick.
Avec LOVE CONNECTION, on reconnaît le désir de Jean-Marie Pallardy de s’intéresser pour le temps d’un film au drame, voire au policier, psychologique. Il ne tarde donc pas à nous donner des éléments essentiels : le passé obscur du héros, l’aversion obsessive de Francis pour les roses rouges, les différents personnages autour de lui qui agissent de façon étrange, un meurtre déguisé en accident. Néanmoins, Jean-Marie Pallardy n’arrive pas à complètement nier ses racines ancrées dans le cinéma érotique. Ainsi seront incluses un bon nombre de scènes de sexe qui, finalement, auraient pu être supprimées sans que l’intrigue ne souffre de ces coupes.
En effet, le film est plein d’éléments superflus. Plutôt que de se concentrer sur l’intrigue principale et le huit-clos entre Francis, Laurence et Agnès, Jean-Marie Pallardy étouffe ses bonnes intentions avec des intrigues secondaires inutiles. Ainsi, l’officier Blanquet chasse le photographe Serge par deux fois, pendant deux longues scènes, pour on ne sait quelle raison exactement. Il est vrai que Serge a été témoin du meurtre de Patrick, mais il n’est pas établi que Blanquet ait un quelconque soupçon. On passe également plusieurs scènes à regarder Serge pendant des séances photo érotiques. Ceci n’est pas mal au fond – après tout, les filles nues sont une des raisons principales, pour les mâles, de regarder du Pallardy – mais n’a pas de vraie place dans l’intrigue même. Il faut admettre par contre que, à défaut de se donner le rôle principal, Jean-Marie Pallardy s’est attribué le meilleur rôle, passant son temps à se bagarrer et à se faire tripoter par des filles – le malin !
LOVE CONNECTION, malgré tout, n’est pas un film érotique. Les scènes de sexe entre Willeke van Ammelrooy et Michel Lemoine, malgré le beau corps de la jeune femme, sont maladroites, et on ne sent aucune étincelle passer. Ils exécutent cette sorte de frotti-frotta des acteurs qui ne se sentent pas à l’aise l’un avec l’autre.
En général, par contre, les acteurs dans LOVE CONNECTION ne déçoivent pas les attentes du public. Personne ne gagnera un prix pour sa performance, mais on a déjà vu pire dans d’autres films de la même trempe. Entre Georges Guéret et Willeke van Ammelrooy, qui tournait là son deuxième film avec le réalisateur parmi les quatre qu’ils ont fait ensemble, Jean-Marie Pallardy s’est entouré d’habitués. Michel Lemoine, de son côté, vole chaque scène par son jeu excessif et exagéré. Avec ses yeux fous, il est parfait en mari poussé à la folie, et même s’il est loin d’être un bon acteur, il reste néanmoins un régal à voir.
Contrairement au JOUNAL ÉROTIQUE D’UN BÛCHERON, la mise en scène de Jean-Marie Pallardy dans LOVE CONNECTION est assez maîtrisée. C’est surtout dans les scènes de bagarre que l’on peut comparer les deux films. Là où dans LE JOURNAL ÉROTIQUE, ces scènes – déjà entre Jean-Marie Pallardy et Georges Guéret, ces deux là semblent aimer se taper sur la gueule – étaient confuses et difficiles à suivre, les scènes de poursuite et de bagarre dans LOVE CONNECTION sont plutôt bien filmées. L’intrigue avance à une bonne allure, et dans les limites imposées par le scénario, Jean-Marie Pallardy maîtrise bien les éléments du genre. S’il avait finalement décidé de laisser tomber le côté érotique, et de se concentrer sur les trois personnages principaux (Francis, Laurence et Agnès), le résultat aurait été encore plus satisfaisant.
Ce qui reste en fin de compte est une pièce solide dans la filmographie du réalisateur. Même si LOVE CONNECTION n’est pas un grand film, Jean-Marie Pallardy, supporté par le jeu fou de Michel Lemoine, arrive à bien nous divertir pendant une heure et demie.


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- Article rédigé par : Tom Flener

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