Un texte signé Philippe Delvaux

UK - 1975 - Pete Walker
Titres alternatifs : La maison du péché mortel, House of mortal sin, The Confessional, Death's Door, The Confessional Murders, The Confession at Death's Door
Interprètes : Susan Penhaligon, Stephanie Beacham, Sheila Keith, Anthony Sharp, Norman Eshley, Mervyn Johns, Stewart Bevan

retrospective

Mortelles confessions

Econduite par Terry, un compagnon volage, Jenny cherche à partager son désarroi. Elle veut se confier à Bernard, un ami d’enfance qu’elle vient de retrouver converti en prêtre. Mais Bernard est absent de sa paroisse et Jenny, un peu désœuvrée et devant parler à quelqu’un de ses déconvenues amoureuses, entre dans le confessionnal. Le père Meldrum qui y officie la pousse à se confier plus qu’elle ne le voudrait, l’aiguillant sur sa sexualité et finissant par lui soutirer l’aveu d’un avortement passé – un délit ou du moins une honte sociale dans cette Angleterre des seventies-.
Le père Meldrum, qui n’a retenu de l’enseignement du Christ que le volet châtiment et a oublié celui de la bonté, a enregistré la confession de Jenny et entend bien faire chanter la jeune femme dont les charmes ne le laissent pas indifférent. Et, chantre de la justice de dieu, il s’en ira par la même occasion punir le volage Terry, quitte à le trucider, quitte aussi à se tromper de victime.

Meldrum vit mal la chasteté imposée par son état et partage son quotidien avec sa vieille mère sénile, la garde-malade revêche et borgne de cette dernière… et le père Bernard qui supporte tant bien que mal les sautes d’humeur d’un Meldrum acariâtre. Bernard pour sa part voit la flamme de sa foi vaciller tandis que celle qu’il éprouve pour Vanessa, la sœur de Jenny se réveille de plus belle. Jenny cherche auprès de Vanessa, de Bernard, de son ami Bob, de son petit ami Terry et même de la police ou des médecins un soutien face au chantage du père Meldrum mais fait face à un mur d’incrédulité. Après tout, un prêtre n’incarne-t-il pas la vertu et la bonté ?

MORTELLES CONFESSIONS fait partie de cette vague de thriller qui irrigue le cinéma britannique (comme d’ailleurs) de longue date.

Signé par Pete Walker, un cinéaste indépendant qui réussit une grosse décennie durant à bâtir une petite carrière meublée d’un nombre conséquent de production, même si peu ont traversé et la critique, et la Manche et l’épreuve du temps.

Sa carrière commence en 1968 avec THE BIG SWITCH, se spécialise initialement (1968-1972) dans l’érotique light qui faisait la joie des spectateurs des cinés crapoteux de Soho (FOR MEN ONLY, L’ÉCOLE DU SEXE, DER PORNO-GRAF VON SCHWEDEN, COOL C’EST CAROL! Ou encore LA VIE SEXUELLE DE GRETA EN 3 DIMENSIONS) et tente d’ailleurs à cette époque l’incursion dans le ciné érotique 3D, sans marquer l’histoire du cinéma.

Sans tout à fait quitter les rives du cinéma crapoteux, il glisse vers le film d’angoisse (MAN OF VIOLENCE, MEURS EN HURLANT, MARIANNE, THE FLESH AND BLOOD SHOW, ce dernier est chroniqué sur Sueurs Froides). En 1983, son dernier film sera d’ailleurs un ultime baroud pour ce genre… mais aussi un échec artistique patent : ni Christopher Lee, ni Vincent Price, ni Peter Cushing, ni John Carradine ne sauveront LE MANOIR DE LA PEUR de l’ennui profond, comme nous le confirme la chronique de Sueurs Froides.

Reste donc une courte période où, entre 1974 et 1976, le cinéaste livre la crème de son cinéma avec FLAGELLATIONS (également chroniqué sur Sueurs Froides), FRIGHTMARE et le MORTELLES CONFESSIONS qui nous occupe.

L’intérêt principal du film réside dans cette figure dévoyée du prêtre, une posture, certes pas inédite, mais qui reste alors encore scandaleuse. Les seventies sont certes occupées à mettre à bas les institutions, mais une partie du public continuent encore de considérer comme sacré le religieux. Pour ne citer que le cinéma britannique de cette décennie, THE DEVILS (Ken Russel) et LA VIE DE BRIAN des Monty Python feront beaucoup pour déconstruire cette confiance.

Depuis, la figure du prêtre a bien perdu de sa superbe.
Et Pete Walker, en digne représentant de l’indigne cinéma B, sacrifie au genre ses protagonistes en refusant, pour plus d’effet, le happy end.

S’il est signé par un spécialiste de l’érotisme, MORTELLES CONFESSIONS est pourtant singulièrement chaste : à peine une paire de fesses. L’amateur cherchera ailleurs son contentement.
Pour l’hémoglobine, le cahier des charges de l’époque est rempli : des meurtres nombreux et du sang (à la texture toute seventies) qui gicle, mais sans verser dans les excès graphiques qui feront la gloire de certains autres titres.

Le suspense repose sur la solitude de l’héroïne qui n’est crue de personne. Il résonne donc avec la confiance que l’époque donne encore au religieux et que le film égratigne.

Au final, MORTELLES CONFESSIONS est un spectacle tout à fait correct mais que l’on se gardera de classer dans le haut du panier du cinéphile – même de genre – un tant soit peu exigeant.

MORTELLES CONFESSIONS semble d’ailleurs n’avoir à l’époque intéressé que les distributeurs de province, son exploitation à Paris se limitant à un festival. Sa sortie française daterait de décembre 1979. En Belgique, l’auteur de ces lignes l’a vu lors d’un double bill B-Z thématique « Le goût du pêché » à la « Cinematek » belge le 31 mai 2013, en complément des NONNES DE MONZA (aka LA RELIGIEUSE DE MONZA, Eriprando Visconti).


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- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés : Marquis, C’est Arrivé Près De Chez Vous, Princesse Mononoke, Sacré Graal, Conan le Barbare


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