Sentenced to Hang

Taylor Wong signe avec SENTENCED TO HANG le premier film étiqueté « Category 3 » à Hong kong.
Rappelons que cette qualification est décernée aux films interdits aux moins de 18 ans et qu’elle a donné naissance à un véritable genre dans la première partie des années 90. A l’époque, les réalisateurs rivalisaient d’ingéniosité pour mettre en branle des bandes plus malsaines les unes que les autres. Par opportunisme, ces œuvres surfaient sur la mode des tueurs en série et mettaient en scène des serials killer qui tuaient sans vergogne des femmes, des enfants, des handicapés, des personnes âgées…Bref, les personnes sans défense étaient les victimes de choix du genre.
Premier film du genre, SENTENCED TO HANG ne peut pas rivaliser avec les fers de lance de la cat3 que sont DR LAMB, BUNMAN, RED TO KILL ou RUN AND KILL. En revanche, le film est cru est décrit avec le plus de nihilisme possible les agissements de 3 copains auteurs d’un kidnapping qui tourne mal.
Le scénario est d’ailleurs caractéristique du genre. Il décrit la vie médiocre que mène trois pauvres types qui manquent cruellement d’éducation. Ils vivent de petits boulots mais rêvent évidemment de devenir riche et de pouvoir s’offrir tout ce que la société capitaliste n’offre qu’à une poignée d’élus. Pour accéder à la richesse, mais également au respect (il faut voir les brimades qu’ils subissent), la seule solution qui s’offre à eux est de kidnapper le fils d’un riche chef d’entreprise et de réclamer une rançon.
Malheureusement, le kidnapping se déroule mal. Le jeune homme ne se laisse pas faire et succombe aux coups portés par les 3 ravisseurs. De son côté, Le père qui est déjà à la tête d’une famille de 11 enfants, n’en a que faire de perdre un fils. Il refuse de payer la rançon ce qui amène les 3 criminels à continuer leurs exactions.
Inutile de se voiler la face, si vous connaissez le titre du film, vous connaissez également le triste sort qui sera réservé aux 3 kidnappeurs (littéralement : condamnés à la pendaison).
Outre la qualité de l’interprétation délivrée par Kent Cheng (RUN AND KILL), Tony Leung Ka Fai (ELECTION) et le rythme soutenu, la principale qualité de SENTENCED TO HANG est sans doute sa narration. Implacable, distanciée, elle raconte sans prendre partie. Les 3 brigands sont ainsi présentés sans compassion.
Le spectateur peut s’identifier à eux car, ils restent humains malgré les horreurs qu’ils commettent. Ils ont une famille dont il s’occupe, ils ont des rêves et subissent un monde impitoyable. Mais voilà, à un moment donné de leur existence, ils choisissent la mauvaise voie.
Dès lors, ils deviennent des assassins. En même temps, le monde qui les entoure n’est pas moins violent qu’eux. Les brimades et l’intolérance entre voisins, l’abus de pouvoir et les harcèlements au travail, la violence exercée par la police, la misère de la rue, tout cela n’excuse pas les crimes dont ils sont les auteurs. En revanche, dans un tel contexte, ces forfaits ne dénotent pas le moins du monde.
La conclusion du film qui se déroule dans les cellules qui bordent le couloir de la mort est dans la droite lignée de cette impression. Les 3 criminels apparaissent résolus mais n’ont jamais de pensé pour leurs victimes, comme si tout le monde participait à un jeu, celui du plus fort, et que perdre faisait partie des règles.
Herman Yau, futur réalisateur de l’un des fleurons de la catégori 3, EBOLA SYNDROME, occupe ici le poste de directeur de la photographie. Il livre une image froide, réaliste, urbaine, qui sera d’ailleurs l’apanage des films à venir de la catégorie et qui colle parfaitement au propos de celui-ci.