Un texte signé Yannik Vanesse

USA - 2012 - Loevenbruck Henri, Mazza Fabrice

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Serum

Une femme fuit, dans les rues de New-York, avant de se prendre une balle dans la tête. Lola, policière très compétente, mère célibataire, enquête sur cette étrange affaire, mais n’est pas aidée par le fait que la victime soit devenue amnésique et n’ait aucune empreinte. Le Docteur Draken, psychiatre de renom et ami de Lola, inventeur d’un étrange sérum permettant de plonger dans un état hypnotique intense, va tenter de déterrer les souvenirs de la jeune femme. Ils vont mettre à jour un complot dépassant l’entendement.

Henri Loevenbruck est un auteur habitué aux thrillers et à la fantasy (avec une trilogie de LA MOÏRA). Fabrice Mazza est un auteur de livres d’énigmes. Les deux hommes s’associent pour donner naissance à SERUM, récit bâti comme une série télévisée. En effet, l’oeuvre est d’abord décomposée en six épisodes, publiés sur internet. Un site y est associé, permettant d’écouter des morceaux de musiques d’ambiance, aux moments signalés dans le texte, ou encore de voir le tatouage d’un des personnages. Les six épisodes sont à présent réunis dans une intégrale, qui compose la première saison de ce projet.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les auteurs se sont inspirés des séries télévisées policières, et ont su en transmettre la construction. Ainsi, les chapitres sont courts, souvent une page ou deux maximum, chacun s’intéressant à un personnage. Chaque changement de chapitre a lieu à un moment clé, comme l’instant où un personnage ouvre la porte d’un endroit dangereux, ou encore quand un coup de feu retentit, par exemple. Ainsi, la tension ne baisse jamais, le suspense est toujours à son comble, malgré la densité de l’histoire et l’épaisseur de ce premier tome. Il n’y a aucune longueur dans les 800 pages composant ce livre, et le lecteur a du mal à lâcher le roman.
L’écriture est simple, dynamique. Les auteurs ne vont jamais dans de longues descriptions, les dialogues sont fluides, et ce style colle très bien à ce récit, qui désire vraiment créer une dynamique constante. On sent cependant que les auteurs connaissent bien New-York, et savent décrire les lieux en peu de mots. Ainsi, même si les écrivains ne s’embarquent pas dans de longues descriptions, le lecteur n’a jamais l’impression de ne pas visualiser un lieu, de sentir l’environnement vide. De même, les personnages, très classiques, représentent des archétypes. Il est visible que là encore, les auteurs ont voulu créer des protagonistes simples, reconnaissables immédiatement, en quelques mots, que ce soit par leur physique ou leur personnalité. On y retrouve la policière irlandaise, avec un tempérament de feu, son frère gay, l’agent du FBI se moquant du protocole, aux cheveux longs et écoutant du rock, ou encore le psychiatre, emmerdeur au grand cœur. Sans oublier, bien entendu, le chef du commissariat où travaille Lola, Noir avec un embonpoint, et ne ratant jamais une occasion de s’énerver, mais défendant ses hommes. Il fait tout de suite penser au supérieur de Starsky et Hutch.
Alors oui, le récit est prévisible, les personnages classiques, mais pourtant, l’action et le suspense sont toujours là, emmenant le lecteur dans son sillage. Ils en font parfois trop, comme avec ce méchant au chapeau qui, en plus d’être sans pitié, éprouve du plaisir à torturer (lui faire avoir une érection n’était pas nécessaire pour qu’il glace le sang), mais SERUM est une histoire terriblement prenante, où les questions naissent régulièrement, des pistes apparaissent, de nombreux personnages poursuivant des buts différents.
Rapidement, le lecteur comprend que cette saison 1 laissera un goût d’inachevé. En effet, les auteurs veulent que leurs lecteurs attendent la suite avec fébrilité. Et ainsi, quand ce tome un se termine, nous ne pouvons qu’espérer la saison 2 dans un avenir très proche tant les questions sont restées nombreuses, tant les protagonistes distillent un début de piste quant aux buts antagonistes qu’ils poursuivent. Pourtant, Henri Loevenbruck et Fabrice Mazza livrent suffisamment de clés pour que la frustration ne naisse pas (cette saison une de SERUM ne ressemble pas à la saison une de « Lost »). En effet, nous commençons à comprendre ce qu’il se passe, et les différentes forces en présence, aux projets parfois terrifiants, apparaissent.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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