Un texte signé Baptiste Dumas

Belgique - 2008 - Lorenzo Van Canne

review

Snuff Hunter

Un bâtiment abandonné, trois prostituées, un maniaque sexuel, une pièce prévue pour faire du snuff… Vous êtes prévenu.
Toute jeune boite de production, Project-X a pris pour parti d’officier dans le torture-porn au sens strict du terme, en abordant tout particulièrement le thème du snuff movie. Qu’elle soit mythe ou réalité, cette légende urbaine a depuis une dizaine d’années inspiré nombre de réalisateurs, pour le meilleur comme pour le pire.
Sur un pitch qui peut sembler à première vue des plus bateaux, le métrage de Lorenzo Van Canne ne s’inscrit cependant pas dans la lignée des films incontournables du genre. En effet, ne vous attendez pas à un réchauffé de la série AUGUST UNDERGROUND et consorts, filmé caméra au poing avec une bonne dose de gore. La violence est ici plus psychologique que visuelle, et c’est précisément ce qui pourrait être le point fort de ce métrage.
Car oui, nous sommes ici dans la perversité et le mauvais goût absolu. Un décor unique des plus inquiétants, un travail sur les lumières qui rajoute à l’ambiance poisseuse du métrage, et un tueur masqué des plus mystérieux et sadiques. Notre protagoniste ne se limite pas à tourner des snuffs à la volée dans son hangar abandonné, il s’en sert ensuite pour violer de jeunes femmes en les forçant à regarder ses “œuvres”. Si le jeu des actrices n’est pas flamboyant (nous sommes, rappelons le, dans un film majoritairement pornographique, style où la renommée des actrices est plus proportionnelle à leur tour de poitrine qu’à leur capacité à réciter un texte), les scènes de torture ne manquent pas de mettre le spectateur mal à l’aise. De plus, la totale ignorance de la vie et l’identité du tueur, et surtout de ses motivations profondes, rajoute au sentiment de malaise. Lorenzo Van Canne nous incite ainsi à être spectateur passif des humiliations subies par ces demoiselles, voyeur n’ayant d’autres alternatives que de regarder la réalité en face. Car ceci est aussi une force de SNUFF HUNTER. Comme l’avait fait 8MM en son temps, le long métrage nous pousse à réfléchir sur la relation entre la violence et le sexe, l’excitation que produit la vision de la mort sur le spectateur. Freud en son temps parlait de pulsions sexuelles et de pulsions de morts indissociables, et c’est là la thématique principale du film.
Cependant, tout devient prétexte à introduire le plus rapidement possible une scène érotique. Et c’est là que le bât blesse, car là où les femmes prises au piège auraient dû se défendre et essayer de s’échapper, les demoiselles de SNUFF HUNTER préfère rapidement tomber dans les bras de leur bourreau. Alors oui, c’est un film pornographique, mais quitte à être brutal, des scènes de sexe plus violentes auraient sûrement étaient plus judicieuses.
Project-X ne comptant pas s’arrêter en si bon chemin, gageons que les successeurs de ce SNUFF HUNTER soient encore plus réalistes et brutaux que ne l’est déjà cette première pierre.


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- Article rédigé par : Baptiste Dumas

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