Italie - 1973 - Domenico Paolella
Titres alternatifs : Story of a Cloistered Nun
Interprètes : Catherine Spaak, Suzy Kendall, Eleonora Giorgi, Martine Brochard, Ann Odessa, Antonio Falsi

retrospective

Storia di una Monaca Clausura

Dans le film STORIA DI UNA MONACA CLAUSURA, Carmella n’est encore qu’une enfant lorsque ses parents la marient à Enrico. Arrive l’âge adulte. Carmella tombe naturellement amoureuse d’un autre homme, Julian et refuse son mariage arrangé. Bien sûr son père désapprouve cette situation et envoie Carmella dans un couvent pour briser son entêtement. Carmella est accueillie dans le couvent, mais elle n’est pas encore nonne. Pour le devenir, elle doit rester cloîtrée trente jours dans une pièce pour prier. C’est ainsi qu’elle sera purifiée de tous ses péchés. Carmella se fait une amie d’Elizabeth, mais ne soupçonne pas que cette dernière a des vues sur elle. Elizabeth a droit à certaines faveurs dans le couvent, proportionnellement aux donations de ses parents. Cela lui permet de rejoindre en secret son amant Diego. Elizabeth propose à Carmella de retrouver elle aussi le soir Julian. Carmella accepte, mais à son retour, Elizabeth lui demande en échange de coucher avec elle. Devant son refus, Elizabeth lui assure qu’elle le regrettera. En effet, elle ordonne aux hommes de main de son amant de passer à tabac Julian. Malheureusement ils vont trop loin et Julian meurt. Face à cette perte, Carmella trouve la force de rester en vie parce qu’elle attend un enfant de lui. Les autorités écclésiastiques apprennent sa naissance et envoient des délégués au couvent. Ils exigent la révélation du nom de la mère. Carmella est alors sauvée par les autres nonnes, y compris Elizabeth, qui affirment toutes être la mère de l’enfant.
STORIA DI UNA MONACA CLAUSURA n’est pas un film de sexploitation ; l’érotisme y est d’ailleurs plutôt rare. La nudité n’est jamais gratuite. Il en est de même pour les scènes de sadisme comprenant bon nombre de flagellations et humiliations. Cette absence d’excès donne une note d’authenticité au film.
STORIA cherche en effet un certain réalisme. Réalisme qui saute aux yeux comparé aux autres films du genre. L’érotisme, dans STORIA, est néanmoins toujours latent. Il fait effectivement partie de la vie quotidienne, mais, on n’en parle pas et on ne le pratique pas. Contrairement aux autres films qui dépeignent des nonnes décadentes, STORIA montre des femmes conscientes de leurs pulsions, mais qui n’y succombent pas forcément. Les gestes érotiques sont symboliques (deux nonnes embrassent sensuellement un crucifix), mais jamais flagrants. L’une des scènes les plus intéressantes et originales est celle où, un soir, certaines nonnes tentent de retrouver un peu leur passé. Elles se donnent rendez-vous dans une pièce du couvent, enfilent des robes, se maquillent et portent des bijoux pour revivre leur ancienne vie aristocratique. Lors de cette fête, Elizabeth tend à Carmella un miroir. C’est la première fois depuis son arrivée qu’elle peut voir son reflet (ceux du couvent sont en effet déformés pour annihiler toute vision de beauté). Elizabeth lui signifie ainsi qu’elle est toujours une femme. La scène ne tente à aucun moment de montrer des nonnes dévergondées. Ici, on voit des religieuses qui ont accepté leur condition mais qui aiment à retrouver, pour quelques heures, les sensations passées. En l’occurrence, celles de se sentir femme et sensuelle. Aucune n’était destinée à devenir nonne. Elles doivent accepter leur condition en essayant de la vivre le mieux possible. La confession tient une part importante dans leur vie, puisque c’est là qu’elles peuvent se faire pardonner toutes leurs incartades au réglement.
Dans STORIA, le couvent est un endroit de pénitence, dont on ne peut s’échapper. Lorsqu’une nonne fait quelque chose d’immoral, elle est attachée à un arbre, ou encore doit subir de nombreuses tortures. Mais le couvent, aussi fermé soit-il de l’intérieur, est également un endroit protégé du cruel monde extérieur.
Le début de STORIA fait irrémédiablement penser à un film de prison de femmes. Lorsque Carmella arrive au couvent, la mère supérieure lui dit qu’elle lui devra obéissance. Ensuite, deux nonnes déshabillent langoureusement Carmella, tout en caressant son corps par la même occasion, sous les yeux d’une autre nonne qui la regarde avec gourmandise. L’une d’elles lui dit même qu’elle a de jolis seins. Carmella change alors de vêtements, troquant ses habits aristocratiques contre ceux d’une nonne. Cela fait penser à l’arrivée d’une nouvelle détenue dans un pénitencier. Les personnages sont ainsi comparables, la mère supérieure avec la directrice matrone et les nonnes avec les détenues. Naturellement, comme chez les détenues d’une prison, des tensions naissent entre les nonnes, et chacune tente de s’accaparer la nouvelle en dénigrant les autres.
STORIA bénéficie d’une photographie splendide rendant le couvent pur mais très peu accueillant par la même occasion. La photo fait parfois penser à du noir et blanc, privilégiant ainsi les zones d’ombre dans les couloirs du couvent, les rendant ainsi encore plus obscurs et hostiles. Les décors sont également superbes, et donnent un cachet très visuel au film. Le bâtiment gothique semble dangereux et beau. Lorsque Carmella arrive dans le couvent, la porte grinçante et énorme qui s’ouvre et se referme derrière elle, est aussi effrayante qu’imposante et impénétrable.
STORIA ne cherche pas à faire dans le voyeurisme. Il montre, en prenant un parti sérieux, ce qui peut se passer dans un couvent (STORIA est inspiré de faits réels) et ne perd pas son temps à montrer des nonnes copulant à droite et à gauche. STORIA est plus profond et sérieux. Il est aussi beau que captivant. Il ne s’agit nullement de bis, tant la réalisation est parfaite. Il comporte en effet des scènes splendides comme l’arrivée de Carmella dans le couvent, mais aussi comme celles de punitions et de flagellations qui sont souvent très belles, violentes et choquantes. La plus atroce et la plus belle à la fois est celle, très longue, où une nonne doit lécher le sol en rampant jusqu’au pied de la mère supérieure, avant de lui baiser les pieds. Le sourire sur les lèvres de la mère supérieure en dit long sur la jouissance apportée par l’abus de pouvoir.


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