Terreur sur la Lagune
Profitant des vacances d’été, Stefano retourne à Venise, située non loin du village dont sa famille est originaire. Il retrouve son frère Paolo, devenu Don Paolo, dirigeant une paroisse catholique. Parmi ses paroissiens, Don Paolo a la charge de personnes physiquement et mentalement handicapées. D’autres fidèles ont, quant à eux, un comportement moralement répréhensible, du moins du point de vue catholique. Par exemple, le Comte Pedrazzi est un vieil aristocrate homosexuel avec des penchants pédophiles. Le Docteur Aloisi, quant à lui, bien qu’étant un homme marié respectable, entretient une liaison avec une infirmière (elle-même en charge de son frère malade mental). Ces personnes ont comme point commun de se retrouver certains soirs chez une médium pour des séances de spiritisme.
Après l’une de ces séances, la medium est retrouvée morte, étranglée. La scène s’est passée de nuit, et Don Paolo en a été témoin, le crime ayant eu lieu sur une place en face du presbytère. Par la suite, il reçoit plusieurs lettres anonymes annonçant sa mort prochaine. Quant à Stefano, la vision du cadavre provoque chez lui une série de flashbacks, dans lesquels il voit un petit garçon effrayé, caché derrière des buissons.
Stefano essaie de se consoler dans les bras de Sandra, une jeune femme qu’il a rencontrée dans le train. Elle est une artiste-peintre qui vit avec sa mère paralysée. Mais les meurtres continuent dans un climat oppressant, et certaines personnes se souviennent d’un meurtre non élucidé, presque vingt ans auparavant, d’une écolière qui avait été étranglée dans la campagne environnante.
THE BLOODSTAINED SHADOW est le second giallo réalisé par Antonio Bido, un an après WATCH ME WHEN I KILL. Il a pour cadre la ville de Venise, un lieu très prisé par les cinéastes dans de nombreux thrillers, parmi lesquels AMUCK (Silvio Amadio), WHO SAW HER DIE ? (Aldo Lado), NERO VENEZIANO (Ugo Liberatore) ou le célèbre NE VOUS RETOURNEZ PAS de Nicolas Roeg. Antonio Bido parvient lui aussi à restituer l’ambiance à la fois belle, inquiétante et sinistre de la cité, dans un style qui n’est pas sans rappeler les premières œuvres de Dario Argento. Les mouvements de caméra subjective font songer au FRISSONS DE L’ANGOISSE, et l’épisode du tableau en tant qu’indice capital de l’enquête était déjà présent dans L’OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL. Pour couronner le tout, la musique de Stelvio Cipriani (très bonne au demeurant) sonne comme une partition des Goblin. Les scènes de meurtres sont quant à elles peu spectaculaires, exception faite de celui d’une femme dont le visage est maintenu dans les flammes d’une cheminée.
Parmi le casting, on retrouve Stefania Casini, l’une des actrices de SUSPIRIA (l’ombre de Dario Argento est décidément bien présente dans le film), ainsi que Lino Capolicchio, vu dans l’excellent LA MAISON AUX FENETRES QUI RIENT de Pupi Avati.
THE BLOODSTAINED SHADOW est un giallo plutôt conventionnel, de facture classique. Il lui manque une certaine identité, et l’on sent qu’Antonio Bido n’était pas à l’aise dans cet exercice de style. Pourtant, le metteur en scène a bien des qualités, et l’on aurait aimé qu’il se détache davantage des modèles établis par ses prédécesseurs.
