Un texte signé Jérôme Pottier

USA - 1974 - Jerry Jameson
Interprètes : Stewart Moss, Marianne McAndrew, Michael Pataki, Paul Carr, Arthur Space

retrospective

The Bat People

Jerry Jameson est un téléaste chevronné, il a travaillé sur quasiment toutes les séries étasuniennes qui ont sévi sur nos petits écrans depuis quarante ans. Il passe allégrement de HAWAÏ POLICE D’ETAT à DALLAS, plus récemment il a bossé sur la série réactionnaire WALKER TEXAS RANGERS. Un feuilleton filmé avec les pieds dans lequel l’ex-star du cinoche ultra violent (ŒIL POUR ŒIL de Steve Carver en 1983, SALE TEMPS POUR UN FLIC d’Andrew Davis en 1985, pas vraiment des monuments de finesse) s’est reconverti dans le prêchi-prêcha à la manière d’un Michael Landon (LES ROUTES DU PARADIS) adepte du bourre-pif et de la taloche. Ce qu’on connaît moins dans la carrière de Jerry Jameson ce sont ses débuts chez AIP, la boîte de production de Roger Corman, qui découvrit les plus grands talents du septième art US des 70’s et 80’s (de Bogdanovitch à Coppola en passant par Scorcese et Hellman). Après THE DIRT GANG (1972), un film à la réputation peu flatteuse dans la mouvance de LES ANGES SAUVAGES (Roger Corman-1966), Jerry Jameson retrouve, en 1974, les producteurs les plus pingres d’Hollywood pour THE BAT PEOPLE.

Un gentil toubib, le docteur John Beck, s’amuse, avec sa femme Cathy, à se perdre dans une grotte. Il est alors méchamment mordu par une vilaine chauve-souris. John Beck développe ensuite un bien étrange comportement et les morts se succèdent autour de lui…

Voilà un pur produit destiné à la double programmation dans les années 70, un concept commercial que Quentin Tarantino et Robert Rodriguez ont essayé de réhabiliter en 2007 avec GRINDHOUSE. Ainsi, entre deux scènes d’horreur, des longs dialogues soporifiques permettent aux spectateurs de drive-in de se bécotter avec application. Tout l’esprit du film est ici résumé, car si les effets spéciaux sont plutôt réussis malgré un faible budget (logique, ils sont signés du débutant Stan Winston), il manque à THE BAT PEOPLE la dose de folie nécessaire à tout bon métrage psychotronique. Par exemple, de nombreux stock-shots maladroits desservent le film. De plus, malgré quelques scènes gores, l’érotisme est tristement absent. Il n’y a pas la moindre paire de seins où de fesses à se mettre sous la dent, un comble pour un film d’exploitation ! Peut-être que le fait que les deux acteurs principaux soient mari et femme dans la vraie vie explique cela…
Effectivement, Stewart Moss et Marianne McAndrew, les deux rôles titres, spécialistes des séries télé (de MANNIX à MURPHY BROWN en passant par LES RUES DE SAN FRANSISCO), se la jouent bien prudes. Et si Miss Moss se révèle peu convaincante, Mister Moss livre quant à lui une composition plutôt rigolote et bien cabotine. La distribution est complétée par Michael Pataki et Paul Carr, déjà présents dans le premier film de Jerry Jameson. Michael Pataki, aperçu à l’époque dans EASY RIDER (Dennis Hooper-1969) et LE MYSTERE ANDROMEDE (Robert Wise-1971), campe un flic sadique avec délectation. C’est une véritable gueule du cinéma US que l’on retrouvera dans de nombreuses bobines de cinoche populaire comme le méconnu REMO SANS ARME ET DANGEREUX (Guy Hamilton-1985) ou l’ultra reaganien ROCKY IV (1985).
Son personnage de « bad cop » constitue l’une des bonnes surprises de THE BAT PEOPLE : alors qu’il apparaît, à la base, comme un juste défenseur de la veuve et l’orphelin, il se métamorphose lorsqu’il tente de violer l’héroïne. Ce membre des forces de l’ordre n’est pas sans évoquer, toutes proportions gardées, l’excellent film avec Stacy Keach et John Carradine que réalisera Burt Kennedy en 1976, ORDURE DE FLIC (THE KILLER INSIDE ME). Le final constitue également un bon moment de série B particulièrement incorrect politiquement parlant, surtout aux USA. Néanmoins, beaucoup de trouvailles scénaristiques et visuelles sont gâchées par une abondance de bavardages inutiles et une réalisation paresseuse de Jerry Jameson. Malgré tout, THE BAT PEOPLE est un sous-produit plein de charme (nostalgie quand tu nous tiens !) tel que l’on ne sait plus en faire de nos jours, rien que pour cela, il mérite un coup d’œil distrait.


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- Article rédigé par : Jérôme Pottier

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