Frankenhooker

Jeffrey a été exclu de l’université de médecine mais qu’à cela ne tienne, il continue d’exercer ses expériences chez lui, sous la bénédiction de sa jeune fiancée. Celle-ci se retrouve tragiquement coupée en petits morceaux par la tondeuse bricolée de Jeffrey. Etant incapable de supporter la perte de sa future épouse, il décide de lui redonner vie comme l’avait fait le docteur Frankenstein. Mais pour ce faire, il a besoin de récupérer des morceaux de corps de femmes pour palier à ceux manquant .

Frankenhooker, tout est dans le titre. Prostituée et Frankenstein, tel est l’étrange cocktail que nous propose un Frank Henenlotter déjà bien habitué aux comédies horrifiques délirantes. Il avait en effet déjà signé à l’époque l’excellent Basket Case et le génialissime Elmer le remue méninge. Le cinéaste sait mixer avec talent les scènes gores à profusion, les scénarios étranges, délirants mais simple à la fois, et surtout des créatures inoubliables. Elmer est une espèce de larve grotesque capable d’injecter dans le cerveau une drogue rendant rapidement accro. Le frère siamois monstrueux de Basket Case est l’une des créatures à la fois la plus affligeante et la plus effrayante du cinéma. Car dans les films de Henenlotter, il y a toujours une part de tragédie qui vient s’ajouter à l’horreur. Et Frankenhooker n’échappe pas à la règle.

Comme dans ses précédents films, on voit un jeune héros plein de bonnes intentions qui se perd en chemin. Le jeune Jeffrey est un savant fou mais qui, face au milieu de la prostitution, se perd dans la luxure. Au lieu de rechercher à donner vie à sa femme, il préfère se constituer la femme parfaite. Dans sa quête impossible, il fabriquera pour cela une drogue destructrice qui donnera lieu à une séquence d’anthologie absolument délirante. Là encore, la patte du réalisateur est reconnaissable. C’est un festival de scènes gores et de personnages hauts en couleur qui nous attend.

Ce qu’on retrouve également, c’est les nuances de gris chez les personnages. Personne n’est jamais un saint chez Henenlotter excepté peut-être la promise. Dans Basket Case, la jolie blonde est la seule à être dénuée de vice, la seule à ne pas rejeter la créature mais à la fois elle n’y est jamais confrontée. Du moins, de son vivant. Dans Elmer, l’objet d’amour de notre héros est la seule à tenter de l’aider. Ici, c’est donc la belle morte qui, revenue à la vie, prouve qu’une femme peut être autre chose qu’une victime, faisant étrangement de cette série B un film féministe.

Drôle, intelligent, bourré de scènes gores comme on les aime, généreux, Frankenhooker est une série B de talent comme on n’en fait plus de nos jours. Une comédie horrifique de qualité qu’il ne faut rater sous aucun prétexte !