Un texte signé Sophie Schweitzer

Série

The Expanse

200 ans dans le futur, le système solaire a été entièrement colonisé. La planète Mars, colonie terrienne, s’est révoltée contre la Terre. Aujourd’hui, un statu quo a mis en hiatus la guerre froide entre la Terre et Mars, mais les tensions restent néanmoins présentes. Sur la Ceinture d’Astéroïdes, des hommes naissent et grandissent dans des stations, et les effets de l’apesanteur sont désastreux pour ces corps humains qui ne supportent plus la gravité. La Ceinture d’Astéroïdes est peuplée essentiellement d’ouvriers et de gens de basse condition qui doivent payer l’air qu’ils respirent et l’eau qu’ils boivent à prix d’or. Ce qui provoque de nombreuses tensions, notamment avec l’OPA, une organisation syndicale qui se montre parfois violente et tend vers le terrorisme pour faire entendre son opinion.

La série débute donc en dévoilant une jeune femme prisonnière dans un vaisseau spatial qui réussit à s’échapper pour découvrir que tous les membres de l’équipage ont disparu. Pire encore, une étrange créature dévore le réacteur du vaisseau. L’instant d’après nous découvrons le détective Miller, né sur la Ceinture d’Astéroïdes, qui a pour mission de retrouver la jeune femme que nous avons vue au début, une dénommée Julie Mao, fille d’un riche industriel qui semblerait avoir des liens avec l’OPA. Parallèlement, nous suivons James Holden, le second d’un cargo charger d’acheminer de la glace afin d’alimenter la station spatiale Cérès en eau. Il reçoit alors une demande d’aide par radio qui émanerait vraisemblablement de la jeune femme, Julie Mao.

THE EXPANSE est ce qu’on appelle un space opera. Produit par la chaîne Syfy, la série a été créée par Mark Fergus et Hawk Ostby qui ont tous deux été scénaristes sur LES FILS DE L’HOMME et IRON MAN. Cette série, mettant en scène des acteurs relativement inconnus, est l’adaptation d’une série de romans éponymes écrits par Daniel Abraham et Ty Frank (assistant de George R. Martin, auteur des romans Le trône de fer) sous le pseudonyme de S. A. Corey. Le président de Syfy, Dave Howe a dit : « The Expanse est épique par sa dimension et sa portée et promet d’être la série de Syfy la plus ambitieuse à ce jour. » Et à juste titre, puisque cette série est non seulement d’une profondeur scénaristique et mythologique assez inégalée en matière de série de SF (on n’est pas loin de Philip K. Dick) mais aussi d’une beauté visuelle digne de certains jeux vidéo comme Deus Ex : Human Revolution.

En effet, jusqu’à présent, les productions de la chaîne étaient certes prolifiques mais ne parvenaient pas à se hisser à un niveau viable dans un paysage télévisuel où les séries rivalisent avec le cinéma. Mais visiblement, avec THE EXPANSE, la chaîne atteint un niveau inégalé jusqu’à présent. C’est un objet télévisuel qui pourrait être, à terme, de la dimension d’un BATTLESTAR GALACTICA (que ce soit pour la qualité d’écriture ou pour la profondeur du sujet). Et il faut bien dire qu’en ayant un univers social développé, en s’intéressant tout autant à la politique qu’aux personnages plus simples, la série multiplie les niveaux de lecture.

Mais surtout, la série a le réel avantage d’aborder une thématique et une ambiance proche de TOTAL RECALL de Paul Verhoeven. C’est d’ailleurs si proche en termes d’atmosphère et d’ambiance que la référence et l’hommage sont évidents. La présence de la colonie martienne y faisant directement référence, d’autant que quand on débarque sur Cérès, on entend un orateur haranguer la foule, puis on apprend qu’il y a des problèmes avec les filtres à air . Et puis la présence du syndicat OPA présent partout et à la fois secret se rapproche de la résistance présente dans TOTAL RECALL.

Ce qui est vraiment jouissif dans cette série c’est le soin apporté à la description de l’univers, tant au niveau social avec les ouvriers qu’au niveau militaire, avec la guerre froide opposant la Terre et Mars. Outre plusieurs niveaux de lecture, il y a aussi plusieurs genres abordés par la série. En nous propulsant avec la politique dans un jeu de pouvoir et d’espionnage, elle équivaut à du James Bond en termes de tension, quand ce n’est pas soudainement un survival avec la trame de Holden qui se retrouve prit entre plusieurs feux, contraint de fuir pour sauver sa peau, ou encore le polar avec Miller qui réalise peu à peu qu’il y a quelque chose de pourri dans la Ceinture d’Astéroïdes, mais aussi la contamination avec ce mal étrange qui dévore les réacteurs. Le tout étant soutenu par une mise en scène propre, des effets spéciaux qui donnent un aspect « jeu vidéo » pas dénué d’intérêt à l’heure où les jeux vidéo imitent le cinéma et les séries, et un jeu d’acteur probant. Autant dire que la série réunit tous les ingrédients pour devenir une grande série de SF, destin qu’on lui souhaite !


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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