Un texte signé Tom Flener

Angleterre - 1972 - Pete Walker
Interprètes : Jenny Hanley, Ray Brooks, Luan Peters, Judy Matheson

retrospective

The Flesh and Blood Show

Dans un village paisible de la côte anglaise, dans un théâtre abandonné, une troupe de jeunes acteurs répète une pièce qu’ils veulent présenter sur la scène londonienne. Cependant, peu conscients sont-ils du fait que ce théâtre héberge un terrible secret et qu’ils courent tous en grave danger.
Il n’y a pas plus à raconter sur l’intrigue de ce « slasher » anglais, opérant d’après le principe des dix petits nègres sauf que la révélation finale reste l’élément le plus travaillé du produit. Bien qu’il utilise des éléments du giallo et qu’il pré-date John Carpenter de plusieurs années avec des éléments typiques du slasher, THE FLESH AND BLOOD SHOW reste néanmoins un produit très british. L’atmosphère du petit village de la côte, le pub, le thé de l’après-midi avec la gentille vieille dame, tout ceci est capturé à merveille et confère au film une identité nationale dès les premières minutes.
Malheureusement, on aurait aimé voir Pete Walker prêter autant d’attention à ce qui reste finalement l’acteur le plus important, c’est-à-dire le théâtre sur le quai. Bâtiment impressionnant à première vue, le réalisateur ne saura jamais vraiment l’utiliser. Ses idées sont louables comme par exemple lorsque la caméra suit les différents personnages dans des corridors ou encore à l’intérieur de chambres secrètes. Néanmoins, le tout est filmé dans une telle obscurité qu’on n’y voit goutte. En se faisant une idée d’après ce qu’on peut voir du bâtiment, seuls nous restent à la fin les regrets d’une occasion manquée.
Tout ceci pourrait se révéler n’être qu’un détail si le film tenait les promesses du titre. En effet, que doit-on attendre d’un film appelé THE FLESH AND BLOOD SHOW si ce n’est de la chair et du sang ? A notre grand dam, Pete Walker semble posséder la fâcheuse habitude de proposer des titres salivants (voir DIE SCREAMING, MARIANNE ; SCHOOL FOR SEX ; FRIGHTMARE) et de ne pas forcément livrer les films attendus. D’un autre côté, peut-on vraiment être fâché contre une pratique qui a été observée par toute une génération de réalisateurs américains, notamment Roger Corman et autre William Castle ?
Et si Pete Walker ne nous donne pas du sang (en effet, de ce point de vue, le métrage est carrément anémique), il nous offre des actrices tout à fait mignonnes qui ne voient aucun inconvénient à se promener nues à toute occasion, et pour notre plus grand plaisir.
Le talent des interprètes, aussi bien masculins que féminines, réside également surtout dans le fait d’être jeunes et beaux. Leurs autres talents sont par contre tout à fait à la hauteur du produit final et par la suite, la majorité de ces acteurs trouvera refuge à la télé (c’est aussi à ce niveau qu’il faut juger les interprétations).
Pete Walker ne démontre pas un talent énorme mais réussit néanmoins à rendre un produit d’exploitation tout à fait acceptable. Malgré tout, THE FLESH AND BLOOD SHOW n’arrive néanmoins pas à être complètement satisfaisant. D’un côté, comme déjà mentionné, Pete Walker échoue à utiliser le potentiel énorme du théâtre. D’un autre côté, le film manque tout autant cruellement de rythme là où ça compte : à la conclusion. Au moment où le tueur est révélé, le film s’arrête pour un flashback de 5 minutes (montré à l’époque au cinéma en 3D, semble-t-il) et il ne parvient plus à démarrer. Si la fin sait parfaitement convaincre à un niveau psychologique (même si un peu simpliste, comme il était également de rigueur pour la plupart des gialli d’ailleurs), elle manque douloureusement d’énergie et de logique, d’autant plus qu’elle implique que les personnages aient tous vu le flashback du tueur.
Finalement, THE FLESH AND BLOOD SHOW laissera le spectateur sur sa faim en ce qui concerne le sang et nous offre en premier lieu quelques beaux seins non siliconés. Ceux qui désirent tester l’oeuvre de Pete Walker feraient peut-être mieux de se diriger vers FRIGHTMARE et HOUSE OF WHIPCORD (1974), deux films plus dérangeants et plus subversifs que celui-ci.


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- Article rédigé par : Tom Flener

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