Un tueur dans la foule
Réalisé en 1976 par Larry Peerce, un vétéran dont le titre le plus connu reste probablement le thriller télévisuel LE CINQUIEME MISSILE, voici un nouvel exemple de cinéma populaire des seventies mêlant suspense, action et film catastrophe à la manière du TOBOGGAN DE LA MORT. L’intrigue y est minimaliste : un détraqué armé d’un fusil se perche sur les toits, le stade de Los Angeles dans sa ligne de mire. Son but ? Effectuer un carnage en tirant au hasard sur les 90 000 spectateurs qui assistent à la rencontre entre Los Angeles et Baltimore. Le capitaine de police Peter Holly (Charlton Heston) et le chef de l’équipe d’intervention du SWAT, le sergent Button (John Cassavetes) sont chargés de stopper le maniaque.
De manière intéressante, UN TUEUR DANS LA FOULE adapte les conventions du cinéma catastrophe aux normes du thriller : le tueur est ici totalement anonyme. Nous ne saurons rien de lui, ni de ses motivations, il n’est qu’un instrument du mal agissant de manière complètement gratuite, à la manière de l’incendie de LA TOUR INFERNALE ou du tsunami de L’AVENTURE DU POSSEIDON. Contrairement au criminel méticuleux, apparemment intelligent et surtout motivé par l’appât du gain du TOBOGGAN DE LA MORT, ce sniper préfigure les auteurs de nombreuses tueries de masse aux Etats-Unis : il frappe au hasard. Le long-métrage nous présente donc brièvement ses futures victimes potentielles, là aussi à la manière des films catastrophes : un couple qui se dispute, un joueur invétéré comptant sur un dernier pari pour se refaire, un prêtre compatissant, un jeune couple, etc.
Tout ça n’est pas toujours passionnant, avouons-le : après une entame efficace qui démontre la détermination du sniper, le film s’enlise dans les clichés et les bavardages. Pour éviter la panique les autorités décident de ne pas évacuer le stade et les policiers palabrent beaucoup tandis que le cinéaste meuble comme il peut en laissant s’exprimer une distribution prestigieuse (Martin Balsam, Beau Bridges, Gena Rowlands, Walter Pidgeon, David Janssen, etc.). L’ennui pointe donc son nez avant le dernier acte où le tueur passe enfin à l’acte, tirant au hasard sur les spectateurs tandis que les forces de l’ordre passent, elles, à l’action.
Bref, UN TUEUR DANS LA FOULE n’est pas un classique du film catastrophe mais reste un divertissement honorable pour les nostalgiques, proposé dans un blu ray tout à fait correct qui comprend, en outre, la version longue destinée à la télévision : 45 minutes supplémentaires et une sous-intrigue qui donne, enfin, de vraies motivations au sniper. Pour les curieux.
