Un texte signé Philippe Chouvel

Espagne - 1976 - Jess Franco
Titres alternatifs : La Noche de los Asesinos
Interprètes : Alberto Dalbes, Evelyn Scott, William Berger, Maribel Hidalgo, Lina Romay

retrospective

Night of the Skull

Dans son vaste manoir, en pleine nuit, Lord Archibald Marion est assassiné. Son meurtrier, une mystérieuse silhouette vêtue de sombre et le visage dissimulé derrière un masque à l’effigie d’un crâne, l’a dans un premier temps assommé, puis menotté, avant de le transporter dans le jardin. Après avoir creusé une tombe, il jette sa victime dedans et l’enterre vivant.
Quelques jours plus tard, les héritiers de Lord Marion sont réunis chez le notaire pour l’ouverture du testament. C’est l’occasion de faire connaissance avec les principaux personnages. Tout d’abord : Cecilia Marion, la veuve (Maribel Hidalgo) ; Rita, la fille illégitime (Lina Romay) ; Simon Tobias, un cousin (William Berger), accompagné de sa femme Marta (Evelyn Scott). Sont également présents les domestiques : Rufus (Luis Barboo), et sa femme Deborah Potts (Yelena Samarina).
Evidemment, la lecture du testament va révéler quelques surprises, et faire des mécontents. Malgré les efforts des deux policiers chargés de l’enquête : l’inspecteur Bore (Vicente Roca) et l’inspecteur Oliver Brooks de Scotland Yard (Alberto Dalbes), les meurtres vont s’additionner, mais curieusement la liste des héritiers va s’allonger tout autant, avec notamment l’apparition d’un fils illégitime. Pour corser le tout, un deuxième testament est trouvé, contredisant totalement le premier.
Il paraît peu probable que le film ait été tourné en 1976 comme il l’est indiqué, puisqu’à cette époque Jess Franco travaillait pour le producteur Erwin C. Dietrich, avec lequel il avait signé un contrat pour une quinzaine de films destinés essentiellement au marché allemand. NIGHT OF THE SKULL étant une production espagnole, il est plus envisageable que le film ait été réalisé en 1973, comme en attestent plusieurs sources.
De toute évidence, NIGHT OF THE SKULL n’est pas un film d’exploitation ; mais plutôt un mélange de krimi et de giallo, avec la « patte » de Franco, qui joue d’ailleurs un petit rôle dans le film, celui d’Eddy Pimperton, l’associé de l’inspecteur Brooks.
C’est un film en costumes, avec une ambiance gothique victorienne indéniable, bénéficiant de surcroît d’une très belle photographie, et d’une musique de qualité que l’on doit à l’expérimenté Carlo Savina, qui a composé plus d’une centaine de musiques de films dans sa carrière, parmi lesquelles celles de SCHOOLGIRL KILLER d’Antonio Margheriti et LA MAISON DE L’EXORCISME de Mario Bava.
Malheureusement, le film souffre également de plusieurs défauts. Le rythme est assez lent, et la trame plutôt répétitive. Chaque fois qu’un meurtre est commis, les héritiers sont réunis chez le notaire, en présence des policiers. L’assassin perpétue ses crimes selon un mode opératoire en rapport avec les éléments : la terre, l’eau, le feu… Il est regrettable que ces scènes de meurtre soient plutôt mal réalisées, et tournées dans une obscurité presque totale pour masquer le manque de moyens.
En résumé, NIGHT OF THE SKULL est une œuvre plutôt inégale, une curiosité dans la filmographie de Jess Franco. S’il n’y avait pas la présence d’habitués au sein du casting (Lina Romay, Alberto Dalbes, William Berger…), on pourrait douter qu’il ait été tourné par le réalisateur fantasque, car deux des ingrédients caractéristiques du cinéaste : la violence et l’érotisme, sont quasiment absents dans le film.
NIGHT OF THE SKULL est crédité au générique comme une adaptation de THE CAT AND THE CANARY, d’Edgar Allan Poe. En réalité, l’écrivain n’a rien à voir avec cette œuvre que l’on doit attribuer en fait à Frank Willard, qui réalisa ce film muet en 1927. Radley Metger en fit un remake en 1979. Mais il n’y a pour ainsi dire aucun rapport entre NIGHT OF THE SKULL et THE CAT AND THE CANARY, si ce n’est une dispute pour un testament.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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