Un texte signé Patryck Ficini

Belgique - 1960 - Fernez André
Titres alternatifs : Nick Jordan

chroniques-infernalesDossier

Virus H 84

« Le moteur gronda sauvagement ; Nick fut secoué d’un frisson terrible. Il serra les dents avec une telle violence que ses maxillaires dessinèrent sur ses joues une épaisse saillie noueuse. Dans les yeux exorbités, hagards, qu’il leva vers ses persécuteurs, se lisait une épouvante incrédule… » (P. 60)

VIRUS H 84 est la troisième aventure de l’excellent Nick Jordan, l’agent secret culte des éditions Marabout et l’un des principaux concurrents de Bob Morane au sein de la célèbre maison d’édition belge.
Le style d’André Fernez emballe d’emblée. Il propose au jeune lecteur une aventure d’espionnage palpitante qui peut aussi être lue par un public adulte. A part le sexe (pas de Jordan girl ici), rien ne manque.
Ca tue, ça torture (Jordan est électrocuté par des espions sadiques –dans NICK JORDAN VOIT ROUGE, il était soumis au sérum de vérité) ; le monde de l’ombre présenté ici est sans pitié. Cela tout autant que dans le roman d’espionnage purement adulte, type Fleuve Noir.
Nick Jordan lui-même est sympathique, sportif (comme l’atteste la couverture – l’une des scènes fortes du roman) jeune mais pas trop (27 ans), dur quand il faut – mais pas trop. Il est avant tout profondément humain.
Confronté à la menace d’un virus potentiellement mortel (même si on est loin de la centaine de morts effective du roman cousin VIRUS-PARTY), Nick est clairement défini comme un paladin (le terme était dans NICK JORDAN VOIT ROUGE). Comme un héros qui lutte, pour la première fois, contre le mal à l’état pur, représenté par les trafiquants de virus. Jordan est un (contre-)espion, certes, mais c’est avant tout un héros de notre temps qui se bat contre des espions, eux, sans foi ni loi. Le côté roman jeunesse explique ce manichéisme, mais finalement est-il si différent de celui que l’on retrouve dans les aventures de James Bond, par exemple ?

Fernez nous dresse aussi le portrait plus réaliste d’un agent double, un type ordinaire, le vrai espion qui passe inaperçu. Banal, sans relief : passionnant et pas si fréquent dans ce type de roman d’espionnage. On pense à L’ESPION MALADE de Richard Caron.
Le rythme est excellent, VIRUS H 84 va à 200 à l’heure. L’ouverture nous montre des villages en proie au virus ; dès que Nick débarque à Vienne, lieu d’une transaction amorale, la bagarre commence pour ne plus s’arrêter.
A la fin, Nick Jordan finit dans une flaque de son propre sang.
Le héros selon Fernez peut être torturé, blessé, quasi vaincu (3 balles à la fin du précédent volume, NICK JORDAN VOIT ROUGE, et une fin similaire, à l’hôpital). Cela arrive fort peu à Bob Morane et il est permis, malgré le génie d’Henri Vernes, de préférer les romans d’espionnage de Fernez à ceux mettant en scène Morane, rarement aussi enthousiasmants que les récits d’aventure et de S.F. du célèbre aventurier polyvalent.
VIRUS H 84, c’est 150 pages de pur plaisir, en petits caractères.
André Fernez touche à l’excellence. Et il faut rédécouvrir Marabout, pourvoyeur de récits d’action toujours bien troussés, au-delà des Bob Morane. Jean-Pierre Max, par exemple, avec ses Gil Terrail.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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