Un texte signé Patryck Ficini

USA - 2008 - Jeremy Kasten
Interprètes : Kip Pardue, Bijou Philips, Crispin Glover, Jeffrey Combs, Brad Dourif, Joshua Miller

review

Wizard Of Gore

Un magicien exécute des partenaires choisis parmi son public de la façon la plus sanglante possible. Tout semble (parfaitement) truqué, mais est-ce vraiment le cas ? Les meilleurs effets spéciaux ne naissent-ils pas de la réalité ? Au fil de son enquête, un journaliste underground, fasciné, s’enfonce dans l’horreur… Il n’en sortira pas indemne.
Après un très gore BLOOD FEAST 2, qui voyait le retour inespéré du maître en personne derrière la caméra, après encore un sympathique 2001 MANIACS, WIZARD OF GORE est le nouveau remake d‘une œuvre culte de Herschell Gordon Lewis, le père du gore qu’on ne présente plus aux lecteurs de Sueurs Froides.
Le gore américain et cinématographique est né, dans les années 60, comme une variation extrême du Grand-Guignol français et théatral. Un même goût pour la provocation, l’humour noir et les sévices sanglants caractérisaient les deux genres, provocant d’identiques réactions hilares ou dégoûtées chez les spectateurs qui remplissaient les salles. Pour l’anecdote, des petits spectacles de Grand-Guignol étaient d’ailleurs donnés dans le cinéma possédé par Lewis, entre deux projections.
Rien d’étonnant donc à ce que des films comme le WIZARD OF GORE de 1970 ou le sadique INCREDIBLE TORTURE SHOW de Joel Reed, qui s’en est peut-être inspiré, rendent directement hommage aux pièces de théatres hystériques de l’impasse Chaptal.
WIZARD OF GORE narrait les numéros d’un magicien gore qui voyait ses partenaires se faire étriper sur scène par ses soins et n’en ressortir que temporairement indemnes. Le classique tour de la femme coupée en deux miraculeusement intacte était ainsi revisité par Lewis, jamais à court d’idées en matière de mises à mort.
En pleine renaissance du film de tortures (aujourd’hui, les plus branchés parlent de « Torture Porn »), WIZARD OF GORE 2008 plonge le spectateur dans une atmosphère sérieuse et glauque, avec un héros shooté qui semble sorti du FESTIN NU et une atmosphère underground décadente pour la fête foraine où le magicien met à mal ses victimes.
Les tours/sévices sont plutôt réussis : femme étripée ou décapitée ou brûlée vive, « gorge profonde » vraiment extrême… Très forte aussi la scène où le héros achève violemment sa petite amie en l’empalant sur un miroir brisé. Brad Dourif et Jefffrey Combs, méconnaissables, apparaissent pour séduire les fans d’horreur sans apporter vraiment de l’eau au moulin.
Le fait que le héros amnésique en apprenne autant sur son trouble passé et sur celui de sa copine que sur Montag est bien trouvé (avec une intéressante sous-intrigue à base de drogue et de call-girls spécialisées dans la domination). Même si on n’est quand même pas dans ANGEL HEART. Le discours sur la réalité et l’illusion est tout aussi bien vu, ambitieux même si certains pourront le trouver plus prétentieux que dans l’oeuvre originale. En revanche, il faut bien reconnaître que le jeu outrancier du David Copperfield de l’extrême (Crispin Glover) donnera aux plus impatients l’intense envie de le réduire en morceaux ! Un méchant insupportable,tête à claques, peut s’avérer dangereux pour la bonne santé d’un film… davantage encore que pour ses victimes.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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