Un texte signé Frédéric Chevailler

Italie, Espagne, Allemagne - 1980 - Jess Franco
Titres alternatifs : Man Hunter, Treasure of the White Goddess, Il Cacciatore di Uomini
Interprètes : Al Cliver, Ursula Fellner, Burt Altman, Robert Foster

retrospective

Chasseurs d’Hommes

Amérique du Sud : Thomas et sa bande ont préparé un enlèvement. Ils kidnappent Laura, une starlette prometteuse, et réclament à son producteur une rançon de 6 millions de dollars. Le producteur fait appel à Peter, un ami, pour traiter avec les ravisseurs parce qu’elle le vaut bien. Il a carte blanche pour récupérer l’argent après la transaction (et 10 % de la somme en question en prime).
Avec un hélicoptère et son pilote, il se rend sur l’île où sont terrés les malfrats, près du village d’une tribu sauvage. Sur place, ils trouvent une femme au cœur arraché. Par talkie-walkie, Peter donne rendez-vous à Thomas. Au lieu indiqué, Peter est attaqué par les bandits, la starlette s’enfuit et l’hélico est foutu. Thompas veut récupérer l’argent que Peter a gardé dans sa fuite. La panique gagne le gang, rendu nerveux par les tamtams et quelques morts mystérieuses. Le dieu vivant de la tribu exige de belles jeunes filles en sacrifice auxquelles on arrache le cœur après les avoir violé hors-champ. La starlette tombe aux mains des sauvages. Thomas et Peter se donnent un nouveau marché. Pendant qu’ils se battent, Laura est préparée pour la cérémonie du sacrifice. Après avoir tué Thomas, Peter se mesure au dieu vivant qui détient Laura. Inepte et monté n’importe comment.

Aucune péripétie, pas d’aventures, pas d’action, même pas d’acteurs : c’est un des plus mauvais films qu’il m’ait été donné de voir, tout est nul, tout est faux. Les scènes gores sont très rares et toutes ratées, parfois même pas cadrées. La jungle est un jardin botanique, la plage doit être espagnole, le sang ne coûte pas cher en ketchup dilué au sirop … Le comble, c’est la tribu : des Blancs, des Noirs clairs, des Noirs foncés, des chevelus, des crépus et des chauves. A l’instar des autres acteurs, les figurants de la tribu sont statiques : tout fonctionne au ralenti. Ca ressemble à rien. Jess Franco se fout du monde, zoome à tout va et fait du vide avec des bouts de remplissage : dialogues creux, ineptes et inutiles, vues d’hélicoptère ne correspondant pas avec le sol (stockshots), une escalade filmée à quatre pattes sur les cailloux pour faire croire que (indigne), longs et nombreux plans larges sur l’orée de la forêt (avec cris d’oiseau(x?) à l’intérieur). Le pire, c’est les visions subjectives du dieu vivant : floues et secouées (il doit être myope et souffrir de hoquet chronique), agrémentées de râles pré-enregistrés, trafiqués et passés en boucle, elles remplissent à elles seules un bon quart du film, ce qui ajoute à l’agacement.

De plus, Franco a eu un Bontempi à Noël et pour l’essayer sous les tropiques, il s’improvise musicien. Déjà qu’il n’a pas le sens de la narration, il enlève encore une corde à son arc pour être sûr de ne pas toucher au but : ses nappes de clavier synthétique ultra-répétitives sont vraiment pénibles et n’apportent absolument rien à des images qui n’étaient déjà pas à leur avantage.
Passablement agacé par un montage des moins finauds, le spectateur doit aussi subir des trucs du genre : “Des empreintes! Elles ont l’air toute fraîches” “J’espère qu’on va la retrouver.” “Viens, nous allons les suivre, elles conduiront bien quelque part.” “J’espère que ce sera au bon endroit.”, avant de se retrouver devant la bagarre finale la plus mauvaise du cinéma, indescriptible de nullité.

Le scénario a été écrit avec des moufles et Franco filme avec ses pieds des acteurs navrants. Comment Franco peut-il regarder ses rushes et avoir envie de les monter ? Ce film est une honte, car même pas involontairement drôle : c’est la marque des très mauvais films. C’est pas parce qu’on est fauché qu’il faut faire pitié.


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- Article rédigé par : Frédéric Chevailler

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