Un texte signé Tom Flener

Italie - 1976 - Massimo Dallamano
Titres alternatifs : Quelli Della Calibro 38, Sections de Choc
Interprètes : Marcel Bozzuffi, Ivan Rassimov, Carole André

retrospective

Colt 38 Special Squad

Même si Massimo Dallamano n’a réalisé qu’une douzaine de films, sa contribution au cinéma de genre italien n’est pas négligeable. Etant donné que deux de ses derniers films en tant que directeur de la photographie étaient UNE POIGNEE DE DOLLARS et ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS, il n’est pas surprenant que sa propre carrière de réalisateur ait réellement commencé avec un western, BANDIDOS, en 1967. Par contre, ce n’est que quelques années plus tard, et dans le giallo, qu’il réalise deux de ses meilleurs films, MAIS QU’AVEZ-VOUS FAIT A SOLANGE ? en 1972 et LA LAME INFERNALE en 1974. Dans ce dernier, il s’éloigne déjà du mystère pour se concentrer sur les procédures policières et l’action. C’est finalement en 1976 qu’il réalise SECTION DE CHOCS, une excellente contribution au genre du poliziotteschi et son dernier film avant de mourir dans un accident de voiture le 4 novembre 1976.
Lors d’une fusillade entre flics et gangsters, l’inspecteur Vanni (Marcel Bozzuffi) abat le frère du Marseillais (Ivan Rassimov). En guise de revanche, le Marseillais tue la femme de Vanni, avant de disparaître. Désillusionné, Vanni veut quitter le service, mais son supérieur lui propose alors d’entraîner une équipe de jeunes policiers qui agira entièrement en dehors de la loi. Vanni accepte et peu à peu, lui et son équipe arrachent la ville des mains criminelles. Etant d’avis que deux protagonistes peuvent jouer ce jeu-là, le Marseillais revient pour terroriser la ville avec des attentats.
L’originalité de l’intrigue n’est pas le point fort de ce film. En effet, l’histoire est centrée principalement sur le thème de la revanche, sujet cher non seulement au poliziotteschi, mais également au giallo et au western italien. Par contre, ce qui élève SECTION DE CHOCS au-dessus d’autres thrillers italiens, c’est la façon dont Massimo Dallamano fait progresser l’intrigue, aussi bien du point de vue visuel que purement narratif. Parce qu’il a été directeur de la photographie pendant 20 ans, de 1946 à 1966, Massimo Dallamano sait créer des images fortes, et ça se voit. Si SECTION DE CHOCS n’affiche jamais le calme des westerns léoniens auxquels il a contribué, c’est pour mieux nous présenter un film sans concessions, au découpage furieux et aux confrontations violentes. La mise en scène paraît sale, frénétique. Elle reflète les personnages, prêts à tout, et cela des deux côtés. Tout d’abord, on a les bons, un groupe de vigilantes avec les insignes de la police et des armes non enregistrées. Ils sont autorisés à tirer, si possible sans tuer bien que cette option soit très rarement exploitée par nos cinq héros. S’opposent à eux les mauvais, le Marseillais et son ramassis de malfrats. Ivan Rassimov arrive facilement à illustrer l’amoralité de son personnage, et le reste de l’humanité ne semble exister que pour faire avancer ses plans. Ah si, au tout début, il pleure son frère, mais c’est la seule fois où le Marseillais montre des émotions quelconques.
L’aspect le plus surprenant du film, c’est cette amoralité et le désir de Massimo Dallamona de montrer, sans aucune concession, les conséquences inévitables de tout acte. Si parfois les films reculent devant la mort d’un enfant, ce n’est point le cas ici. La violence est réaliste et laide. La première explosion, ayant pour cible une voiture, n’est qu’une démonstration. Par contre, les autres charges explosent dans des lieux peuplés. Elles sont placées pour faire un maximum de victimes, femmes et enfants inclus. Après ce premier attentat, le spectateur sait que n’importe qui peut mourir. Heureusement Massimo Dallamano continue à suivre cette voie en tuant quelques personnages principaux dont on n’anticipait pas forcément la mort. Si cette approche peut heurter, le réalisme du film en bénéficie néanmoins énormément.
La caractérisation des personnages est conséquente et leur évolution logique et cohérente. De ce côté, le film est porté par un ensemble d’acteurs forts, avec en tête Ivan Rassimov et Marcel Bozzuffi. Même si on peut dire qu’on a déjà vu tous ces personnages dans une multitude d’autres films policiers, les caractères dans SECTION DE CHOCS évoluent néanmoins de façon tout à fait logique. Jamais on a l’impression qu’une quelconque action ou motivation soit introduite dans le seul but de faire avancer l’intrigue.
Côté musique, Stelvio Cipriani nous sert ici un thème musical merveilleux, jamais envahissant mais au contraire supportant l’action à tous les niveaux. Il avait déjà travaillé avec Massimo Dallamano sur LA LAME INFERNALE et les deux compères formaient une bonne équipe. D’ailleurs, le fait que cette bande ne soit pas trouvable sur CD est un crime en lui-même.
Somme toute, dans le domaine de l’originalité, il ne faut pas attendre trop d’étincelles de SECTION DE CHOCS. Par contre, le film excelle dans la mise en scène ainsi que dans l’approche très réaliste des personnages et des situations. Souligné par une musique mémorable, ce film de Massimo Dallamano brille par une exécution impeccable. Malheureusement, il allait être le dernier film d’un grand réalisateur.


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- Article rédigé par : Tom Flener

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