Un texte signé Sophie Schweitzer

Etats-Unis, Finlande - 2022 - Riley Stearns
Interprètes : Karen Gillan, Aaron Paul, Beulah Koale, Theo James

L'Étrange Festival 2022review

Dual – Riley Stearns – De la SF hight concept

Le réalisateur américain Riley Stearns s’était fait remarquer par son précédent long métrage THE ART OF SELF DEFENCE où un jeune homme timide prenait des cours d’arts martiaux après avoir été victime d’une violente agression de rue. On retrouve quelques points communs avec son précédent : un personnage pas très charismatique ni très bien dans ses baskets qui, face à une situation lui échappant, va retrouver confiance en lui à travers des cours d’arts martiaux. Pour le reste, DUAL s’émancipe pas mal des précédents métrages du réalisateur qui est également l’auteur du script.

Après avoir appris qu’elle était condamnée par une étrange maladie incurable, Sarah choisit de se faire cloner afin que ses proches ne soient pas affectés par sa mort. Réalisant que ses proches préfèrent son clone à elle-même, Sarah est ébranlée, mais l’est plus encore en apprenant sa rémission aussi miraculeuse qu’inexplicable. Malheureusement son clone refuse de se laisser effacer, dès lors les deux doivent s’affronter en duel. Sarah réussira-t-elle à récupérer son ancienne vie et à remporter le duel ?

Dual – Riley Stearns
Karen Gillan et Aaron Paul

Dual – Le concept du doppelgänger revu à la sauce low SF

Avec Dual, nous nous retrouvons face à un univers de science-fiction où il est possible de se faire cloner en un temps record afin de pallier à sa propre disparition pour ses proches. Ce postulat de départ est quelque peu hasardeux. Comment est-il possible de faire un clone aussi rapidement sans risque de défaillance de celui-ci et surtout pourquoi une telle science ne permet pas de combattre les maladies incurables ? Ce genre de questionnement pourrait relever de la suspension d’incrédulité du spectateur si c’était la seule question demeurant en suspens. Les raisons de la maladie de l’héroïne ? Inconnues et non détaillées.

Pourquoi elle s’en remet si facilement ? Pareil, non élucidé. Pire que ça, la médecin dit clairement s’en foutre ou presque. Comme le cinéaste semble se ficher de répondre à toutes les questions soulevées par son histoire. Pourquoi ne pas avertir les gens des règles en vigueur en cas de rémission de l’original ? de non-suicide de l’original ? Pourquoi le double lui ne tomberait-il pas malade à son tour si c’est une maladie génétique ? Nous n’en saurons rien !

Karen Gillan
Dual – Riley Stearns

Karen Gillan incarne une héroïne blasée et sarcastique

En réalité, DUAL s’intéresse bien plus à comment l’héroïne gère l’arrivée de ce double démoniaque dans sa vie. Le film s’avère très rapidement plus intimiste qu’on aurait pu le penser. L’héroïne est mal dans sa peau, bougonne, repoussant ses proches par sa froideur et son détachement, refoulant ses émotions au point de n’arriver à pleurer que lorsqu’elle est seule dans sa voiture. Dès lors, son double n’a aucun mal à se faire aimer de ses proches au point que ceux-ci rejettent plutôt violemment l’héroïne, laissant celle-ci seule avec ses dettes et ses regrets. Isolée, désespérée, elle se nourrit alors de sa rage pour se préparer au combat et fait la rencontre d’un étrange entraîneur ayant l’air aussi seul qu’elle (au vu du nombre de séances tardives qu’ils font). C’est ici qu’il rejoint un bref instant les thématiques de THE ART OF SELF DÉFENSE.

Mais la comparaison s’arrête là. Car comme dans tout film de double démoniaque, l’affrontement doit avoir lieu. C’est en ce dernier tiers que le long métrage prend son envol. Tout le climax et la scène finale sont tout simplement éblouissants, d’une puissance aussi détonante que son précédent. La mise en place s’est faite parfois difficilement, du fait d’un univers parfois un peu bancal que l’humour paraissant n’être là que pour couvrir ses défaillances ne peut sauver. DUAL part avec un autre handicap, son personnage principal est plutôt antipathique. Mais pour les spectateurs qui se sont accrochés jusqu’au bout, l’attente est largement récompensée. Ainsi le film a quelques défauts, qui peuvent lui coûter quelques spectateurs, mais s’avère in fine plutôt réussi, parvenant comme son héroïne à passer de larve à un joli papillon.

Bande annonce

DUAL Bande Annonce VF (2022)

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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà - Ses auteurs préférés - Oscar Wilde, Sheridan LeFanu, Richard Mattheson, Stephen King et Poppy Z Brite

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