Un texte signé Yannik Vanesse

USA - 2011 - Renny Harlin
Titres alternatifs : 5 Days Of War
Interprètes : Rupert Friend, Emmanuelle Chriqui, Richard Coyle, Andy Garcia, Val Kilmer

review

Etats De Guerre

Un reporter de guerre voit la femme qu’il aime mourir devant ses yeux lors d’une attaque, en Irak, où ils faisaient un reportage. Quelques années plus tard, quand on lui demande de se rendre en Géorgie, que la Russie menace d’envahir, il y va, malgré son traumatisme toujours présent. Là bas, il va découvrir les horreurs de la guerre et du génocide, et essayer de survivre tant bien que mal au milieu de cette abomination.

Renny Harlin est un nom des plus connus dans le cinéma d’exploitation. En effet, ce touche-à-tout prolifique à a œuvré dans des genres bien divers, tout en restant dans cette frange de cinéma qui nous est chère. On le trouve ainsi aux commandes de thrillers, comme CLEANER. Il s’est aussi occupé d’une variation sur le thème des Dix petits nègres, en plus trash et sadique (PROFESSION PROFILER). Il a aussi été voir du côté des courses automobiles (DRIVEN) ou des requins tueurs (PEUR BLEUE). Il s’est intéressé à une Jason Bourne girl avant l’heure (AU REVOIR A JAMAIS), au fantastique carcéral (PRISON), bref, à de nombreuses série B des plus honnêtes et fréquentables. Cependant, si l’on excepte DIE HARD 2, il n’a jamais véritablement rencontré le succès. Pour avoir plus de chances d’attirer les spectateurs avec un DTV, il est coutume de demander à des acteurs en perte de succès, voir carrément has been, de venir faire un caméo plus ou moins long, et de mettre leur nom en gros sur la jaquette du film. Ici, ce sont Andy Garcia et Val Kilmer qui s’y collent. Ces derniers ont certes une présence des plus infimes à l’écran, mais l’importance de leurs rôles est immense. En effet, Andy Garcia incarne le président de la Géorgie, essayant désespérément de préserver son peuple du génocide initié par la Russie. Val Kilmer, lui, est l’ami journaliste du héros, qui lui demande de venir dans ce pays menacé pour faire ce qu’il sait faire de mieux.

Assez rapidement, le film surprend. Car si les métrages sur les journalistes de guerre sont légions, ils ont en général un déroulement assez prévisible. La plupart du temps, le personnage principal est d’abord plutôt antipathique, ne pensant qu’au scoop, qu’aux photos qu’il va prendre, prenant en général de gros risques pour cela. Et puis, il va voir une horreur de trop et finalement réaliser à quel point son mode de pensée est vain, et tenter de se racheter. Souvent, d’ailleurs, une jolie demoiselle l’aide à prendre conscience de cela.
Notre héros, au contraire, est un gentil, un vrai ! S’il est certes là pour faire un reportage, il cherche dès que possible à aider les gens. Quand, alors que lui et son cameraman se sont arrêtés dans un petit village, ils se retrouvent face à l’horreur quand survient la première attaque et que les bombes fusent, il oublie sa caméra , mais ne pensant qu’à secourir les pauvres villageois blessés, prenant de gros risques pour emmener le plus touché jusqu’à l’hôpital.
Alors, il est vrai que le film est très manichéen. La gentille Géorgie essaie de survivre face à la méchante Russie, ses envoyés étant des tortionnaires sociopathes faisant dans le génocide, alors que nos héros essaient de survivre et de faire bouger l’opinion publique pour que les troupes internationales viennent soutenir ce pauvre pays. Mais les personnages sont attachants, et le héros reste très humain dans ses capacités. De plus, Renny Harlin, qui n’hésite jamais, dans ses films, à verser dans le sadique et le sanglant, montre ici une guerre sale et très violente. Il se refuse à édulcorer les attaques, et l’effet est efficace ! Certaines scènes sont impressionnantes et effroyables, bref, l’on ressent terriblement bien l’horreur d’un génocide. Car ici il ne s’agit pas de soldats sur un champs de bataille, mais de mercenaires déboulant dans des petits villages pour violer, piller, massacrer. De surcroît, Renny Harlin, en filmant son abomination dans des paysages magnifiques, crée un écart qui rajoute à l’inconfort du spectateur. Bien sûr, tout n’est pas parfait, et les interviews, à la fin, de survivants de guerre, ajoutent un pathos larmoyant inutile, le film se suffisant. Mais ETATS DE GUERRE est un bon film de guerre, visuellement impressionnant, réaliste et crédible, avec des personnages attachants qui créent l’empathie, et c’est ce qui compte !


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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