Extrême limite (1985) – Tuerie en Taxi
Entre thriller, vigilante, drame et “film noir”, Extrême Limite (Walking the Edge) constitue un petit métrage méconnu mais pas inintéressant. Apparemment financé par des producteurs allemands en 1982, il sort seulement en salles, de manière très discrète, en 1985 sous la tutelle d’Empire. Le film bénéficie surtout d’une distribution impliquée qui crédibilise grandement l’ensemble et l’élève au-dessus des nombreuses séries B similaires sorties à la même époque. Les personnages, bien caractérisés, agissent ainsi de manière convaincante et aident à s’intéresser à un récit quelque peu relâché.
Un casting solide
Nancy Kwan effectue ses débuts à 20 ans en campant la prostituée dont William Holden tombe amoureux dans Le monde de Suzy Wong. Par la suite, elle apparaît dans une poignée de titres plaisants comme Ongles rouges et cuisses d’acier (alias Wonder Women) en 1973. En émule de Fu Manchu, elle incarne le Péril Jaune et dirige une petite armée de filles sexy dans l’intention de dominer le monde. Dans Walking the Edge elle joue une justicière impitoyable décidée à venger la mort de son enfant. Robert Foster, de son côté, fut un stakhanoviste de l’exploitation.
Entre ses débuts en 1967 et son décès en 2019, Foster joue dans près de deux cents films, notamment L’incroyable alligator, Maniac Cop 3 ou, bien sûr, Jackie Brown qui lui vaut une nomination à l’Oscar. Il se montre ici très engagé en taximan au bout du rouleau. Joe Spinell, de son côté, reste dans les mémoires pour ses seconds rôles dans Le Parrain ou Rocky mais, surtout, son interprétation du Maniac dans le classique de William Lustig. Une fois encore il joue ici un criminel sadique de la pire espèce.
En plus de ces comédiens concernés, Walking the Edge s’appuie sur une réalisation effective de Norbert Meisel. Epoux de Nancy Kwan, Meisel débute dans les seventies par deux réalisations érotiques, The adulteress et The Devil made me do it avant de tâter du X avec Private Party. Après un retour au soft via Dreams of Desire, le cinéaste se dirige vers le thriller d’action en 1985.
L’intrigue d’Extrême Limite se veut typique de ces métrages d’exploitation cherchant à élever leur sujet. Elle combine ainsi récit criminel, vengeance, drame et romance avec une touche d’érotisme et un soupçon de commentaire social. On pense, par exemple, à Descente aux enfers, New York 2 heures du matin ou Rolling Thunder, sans oublier Taxi Driver et Vigilante. Beau cocktail d’influences !
Elevated exploitation?
Ici, nous suivons un quadragénaire sur le retour, Jason Walk, chauffeur de taxi sans avenir ni ambition mais exemple archétypal du “brave gars”. De son côté, Christine Holloway vit une existence heureuse mais ignore que son mari est impliqué dans des affaires de drogues avec le redoutable gang de Brusstar. Lorsque son époux et son fils sont abattus par les criminels, Christine parvient à s’enfuir. Elle décide de se venger et emprunte pour cela le taxi de Jason. Ce-dernier la conduit de cibles en cibles, ignorant qu’il devient le complice involontaire de cette vendetta sanglante. Lorsqu’il le comprend, Jason, piégé, n’a d’autre choix que de continuer à aider Christine.
Si Extrême Limite suit les recettes de l’exploitation et se permet même quelques passages bien sanglants à la The Exterminator, l’essentiel réside dans cette relation conflictuelle. Les rapports qui se nouent entre le chauffeur de taxi fatigué et la justicière lui donne en effet tout son sel. Le film vaut donc davantage pour ces côtés dramatiques réussis. Il apporte aussi un témoignage précieux sur une époque révolue, notamment par plusieurs visites dans les bars punk crasseux. Le côté action se montre moins intéressant et le rythme est un peu languissant mais, dans l’ensemble, Extrême Limite demeure une plaisante petite série B. Un film d’exploitation (mais pas seulement!) à découvrir pour les curieux.