Fall de Scott Mann : Pic d’adrénaline
On apprécie aller au cinéma pour avoir la frousse. D’autant plus que la peur y est rassurante : on sait que c’est pour des prunes. Comme fournisseur de frissons doux, raffinés et inoffensifs, Fall de Scott Mann s’impose et vise plus spécifiquement ceux d’entre vous dont la définition même de l’horreur est le changement de l’ampoule du salon.
Depuis un an, Becky est inconsolable. Elle a perdu son fiancé lors d’une escalade qui s’est mal terminée. Hunter, sa meilleure amie, lui propose un remède radical à sa morosité : escalader une tour radio haute de 600 mètres, isolée et abandonnée en plein désert…
Au-delà d’un concept simple et d’un rythme soutenu ne laissant place à aucun temps mort dès le début du métrage, Fall est un film bénéficiant d’images à vous couper le souffle… Ou à vous retourner le l’estomac si vous êtes sujet au vertige… Les cadrages judicieux, ainsi que les effets-spéciaux excellents, amplifient l’impression d’altitude… Pour les mélomanes, la musique au piano est agréable et souligne avec justesse la majesté des images.
Comme nos intrépides donzelles sont coincées sur un plateau d’un mètre carré, le film s’adresse aussi aux personnes qui ne portent pas dans leur coeur les endroits exigus…
Prendre de la hauteur
Dans son genre, Fall rempli donc parfaitement le cahier des charges en étant particulièrement éprouvant. Ces qualités permettent au spectateur de passer sur quelques menus défauts.
En premier lieu, Fall risque d’être tout aussi éprouvant pour les personnes qui pratiquent déjà l’escalade… Les experts en la matière encourent en effet le pétage de câble en constatant que les deux escaladeuses du dimanche ne prennent pas la peine de s’assurer ou de descendre en rappel. Sur la plate-forme, la possibilité d’une chute lors d’un assoupissement n’effleurent pas non plus leur esprit et elles ne pensent donc pas à s’attacher…
Il est également surprenant que le film puisse étaler avec aussi peu de retenue des comportements à risques qui confinent à l’aberration. C’est d’autant plus absurde que le réalisateur a dû faire appel aux effets spéciaux numériques parce que l’une des actrices avaient un peu trop abusé du mot… Fuck. En somme, pour la censure, la liberté de faire n’importe quoi prime sur la liberté d’expression…
Sur la corde raide
La personnalité des protagonistes principales offre d’autres raisons de bouillir, tant elles s’illustrent dans les stéréotypes. D’ailleurs, au volant de sa grosse voiture dont on n’imagine pas le bilan carbone, la jolie blonde manque de peu de marquer la fin du film après 10 minutes de métrage… En cause, sa conduite qui laisse sacrément à désirer.
Heureusement, Caroline Currey et Virginia Gardner qui se voient ici offrir leurs premiers grands rôles, ne se contentent pas d’être de jolies plantes écervelées. Grâce à leur talent, elles parviennent à faire oublier ces facilités scénaristiques. On finit par apprécier leurs personnages, à trembler pour elles et à s’investir dans l’action.
Or, de l’action, il y en a. Fall sait parfaitement divertir et ménage même quelques surprises, en particulier une révélation que l’on ne voit pas forcément venir, impulsant une certaine noirceur au film.
La peur atteint de nouveaux sommets
On ne rigole pas dans Fall et, même s’il ne le porte pas avec suffisamment de conviction, Scott Mann délivre une jolie morale à son histoire, démontrant, malgré tout, que les ambitions du réalisateur ne se limite pas à seulement distraire.
Ainsi, le film jauge et évalue ses deux personnages principaux. Virginia Gardner est la blonde exubérante, audacieuse et intrépide, irréfléchie aussi. Forte de ses 60 000 followers, elle vit pour son égo. Son amie interprétée par la brunette Grace Caroline Currey est, quant à elle, plus mesurée et sérieuse. Elle n’a qu’un seul ami : son père. Mais lui, il tient à elle, car elle lui est précieuse. Lors d’un final poignant et touchant, mais qui ne verse pas dans le théâtralisme, le film démontre avec conviction que ce n’est pas la quantité qui compte mais la qualité.