Un texte signé Philippe Chouvel

Angleterre - 1958 - Arthur Crabtree
Titres alternatifs : Monstres invisibles, Ungeheuer ohne Gesicht
Interprètes : Marshall Thompson, Kynaston Reeves, Kim Parker, Stanley Maxted, Terry Kilburn, Peter Madden

retrospective

Fiend Without a Face

Le major Cummings est responsable d’une base aérienne de l’US Air Force, située dans la province du Manitoba au Canada. Avec l’aide de scientifiques, les militaires étudient et expérimentent un nouveau type de radar alimenté par un réacteur nucléaire. En parallèle, un savant atomiste, qui effectue des recherches sur la psychokinésie, et notamment la télékinésie, semble toucher au but. Les travaux du chercheur coïncident avec une baisse de puissance du réacteur nucléaire de la base. Y-aurait-il un rapport de cause à effet ? Et existerait-il un lien entre les recherches du scientifique, ce nouveau radar et les morts étranges ayant lieu dans les environs ? Car après le décès d’un homme dans les bois aux alentours, c’est un couple de fermiers qui est assassiné dans de mystérieuses circonstances. D’autant plus que l’autopsie pratiquée par le médecin légiste aboutit à une conclusion incroyable : le cerveau et la moelle épinière des victimes ont été prélevés de leurs corps, ne laissant pour toute trace qu’un petit trou à la base de la nuque. Commence alors, pour le major Cummings, une course contre la montre pour trouver l’origine de ces meurtres, et y mettre fin, avant que cette menace invisible ne détruise la base militaire et la population civile environnante.
FIEND WITHOUT A FACE est une production de la Metro Goldwyn Mayer qui fut confiée à un réalisateur anglais plutôt inexpérimenté dans le cinéma fantastique : Arthur Crabtree. Et si l’homme reste surtout connu pour son tout dernier film, CRIMES AU MUSEE DES HORREURS (1959), qui possède un cachet typiquement britannique, FIEND WITHOUT A FACE possède quant à lui tous les critères de la série B américaine standard de SF, telle que les Etats-Unis en produisirent à la pelle durant les années 50. Cette œuvre, qui sortira en France en 1960 sous le titre MONSTRES INVISIBLES, respire en effet le produit de commande à plein nez, et l’on y retrouve tous les ingrédients du genre ou presque : le héros intrépide (incarné ici par Marshall Thompson, qui jouera la même année dans IT ! THE TERROR FROM BEYOND SPACE, et sera plus tard le Docteur Tracy de la série DAKTARI), l’héroïne risquant de tomber en pâture au vilain monstre, le savant obsédé par ses travaux au mépris du danger, et les habituels seconds rôles au caractère sommairement esquissé. Le scénario n’est donc pas foncièrement original, reprenant les sujets qui fascinaient l’Amérique à cette époque : les dangers du nucléaire, la peur d’une menace inconnue, les mystères de la perception extra-sensorielle, etc…
Quand on voit l’utilisation réduite des lieux de tournage et le nombre restreint de figurants, on réalise que FIEND WITHOUT A FACE s’est construit avec un budget limité. Malgré tout, le metteur en scène est parvenu à limiter la casse, jouant notamment la carte du monstre invisible pendant près d’une heure. Le dernier quart d’heure s’avère le plus intéressant, car les créatures deviennent alors visibles, et elles sont particulièrement réussies (et bien exploitées). Il s’agit de cerveaux prolongés par une moelle épinière en guise de queue, et possédant deux antennes au bout desquelles on distingue des yeux. Ces cerveaux mutants, se nourrissant de l’énergie atomique, sont capables de voler. On peut établir une certaine ressemblance entre ces monstres et celui du film LE CERVEAU DE LA PLANETE AROUS, réalisé par Nathan Juran en 1957.
Il faut donc attendre la dernière partie pour que FIEND WITHOUT A FACE sorte enfin le spectateur d’une certaine léthargie, dans la mesure où le film est plus bavard que spectaculaire. Arthur Crabtree s’en tire finalement honorablement, livrant un produit conforme à bon nombre de ceux de ses confrères américains de l’époque. A noter que le réalisateur était assisté, lors du tournage, d’un certain Douglas Hickox, qui deviendra à son tour metteur en scène par la suite. Il réalisera notamment les très bons LA CIBLE HURLANTE et THEATRE DE SANG. Quant à Arthur Crabtree, il achèvera donc sa carrière avec le très estimable CRIMES AU MUSEE DES HORREURS, concluant ainsi une filmographie de la meilleure des façons.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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