Frankenstein 1970

Séquence d’ouverture : une jeune fille est traquée dans la brume par un monstre dont on ne voit que le corps jusqu’aux épaules et ses mains griffues. Mais il s’agit là d’une équipe de tournage venue faire un film d’épouvante sur les terres du Baron Von Frankenstein. Ce dernier a été torturé par les Nazis durant la seconde guerre mondiale et son corps ainsi que son visage en portent de lourdes cicatrices…. Il a donné son accord pour que le film se fasse afin que la production lui paye un nouveau réacteur atomique lui permettant ainsi de continuer les expériences visant à créer un être parfait! Le réalisateur Douglas Row a engagé une nouvelle starlette, Carolyn Haye, qui durant le tournage se lie d’amitié avec Schuter, le serviteur humilié par les réprimandes de son maître. D’ailleurs l’actrice offre à Schuter une écharpe car il règne une humidité malsaine au château! Une nuit, alors qu’il éteint les chandelles, le serviteur découvre par accident l’entrée serète qui mène au laboratoire! Il y laissera la vie, et son cerveau ira dans la tête du monstre……
Inutile d’épiloguer sur cette intrigue aux multiples rebondissements.
Producteur depuis 1953, Howard W. Koch oeuvra dans différents genres de films – aventure, western, polar – et se fit un nom dans la série B en produisant des oeuvres comme : LES MONSTRES SE REVOLTENT, VODOO ISLAND, PHARAOH’S CURSE… En 1957 il réalise ce curieux FRANKENSTEIN 1970 dont le titre présumait que l’action se passerait à cette époque, mais en France il fut distribué sous le titre ridicule et injustifié de FRANKENSTEIN CONTRE L’HOMME INVISIBLE.
Le scénario est écrit par Richard Landau, auteur du script de QUATERMASS EXPERIMENT de Val Guest en 1955, et Georges Worthing Yates, à qui l’on doit les scénars délirants de THEM, EARTH VERSUS FLYING SAUCER ou la série des COLOSSAL MAN.
Le film est produit par l’Allied Artists – bien que le tournage ait eu lieu dans les studios de la Warner – et doté d’un merveilleux cinémascope noir et blanc dans lequel évolue notre cher Boris Karloff en savant fou. Un rôle qu’il avait jadis bien tenu dans LA MAISON DE FRANKENSTEIN d’Erle C.Kenton en 1944.
On peut dire que la prestation du comédien est sobre et qu’il est égal à lui même. Ici il nous offre un docteur haineux, envieux et fier de ses origines. On retiendra la sublime séquence où, face à la caméra, il parle de ses ancêtres et du monstre rejeté par l’espèce humaine.
Howard W. Koch rend aussi un sublime hommage à Terence Fisher quand, durant quelques secondes, Karloff redevient son propre cobaye tout en arborant un visage gracieux comme l’avait fait Peter Cushing dans LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN.
C’est Mike Lane, un catcheur professionnel qui arrêtera son métier pour faire du cinéma en 1958, qui prête ses traits à la créature. Il deviendra par la suite un habitué du petit écran où on le verra en guest star dans des feuilletons populaires comme : LES INCORRUPTIBLES, MISSION IMPOSSIBLE, KOJACK ou DANIEL BOONE.
On remarquera également que l’époque gothique a totalement disparu dans ce film pour laisser place à un monde contemporain : le laboratoire est doté d’appareils sophistiqués, d’un réacteur atomique, de micros…
FRANKENSTEIN 1970 ne remportera pas le succès escompté par les producteurs, bien qu’une publicité tapageuse ait annoncé le retour de Boris Karloff dans un nouveau Frankenstein. L’oeuvre fut qualifiée de mortellement loufoque, dotée d’une mise en scène peu convaincante, dénuée d’action et où Karloff jouait d’une façon caricaturale. Le Monstre fut traité de momie hésitante coiffée d’un assemblage de bandelettes lui donnant l’aspect d’un robot.
Mais il est inutile de prendre à la lettre de tels propos haineux et FRANKENSTEIN 1970 mérite une (re)découverte en dvd. Disparu pendant longtemps des salles de cinéma, son dernier passage fut sur la chaîne cablée T.C.M.. Son visionnage permettra d’en respirer le parfum nostalgique des vieilles bandes d’antan où Karloff jouait à nous faire peur…