Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Japon - 1985 - Satoru Ogura
Titres alternatifs : Guinea Pig: Ginî piggu - Akuma no jikken

Offscreen 2019retrospective

Guinea pig – devil’s experiment

La saga GUINEA PIG consiste en six moyens métrages gore produits par l’auteur de manga Hideshi Hino entre 1985 et 1988. Les plus célèbres sont les deux premiers, lesquels se passent pratiquement de scénario pour épouser la forme des snuff-movies. Charlie Cheen porta d’ailleurs un vidéo du second volet, FLOWERS OF FLESH AND BLOOD, au FBI, entrainant une enquête qui conduisit les cinéastes à expliquer qu’il s’agissait de crimes fabriqués et d’effets spéciaux. Le quatrième épisode, DEVIL DOCTOR WOMAN, faisait également partie de la collection privée du tueur nécrophile Tsutomu Miyazaki, lequel aurait reproduit certains passages du métrage et aurait filmé ses actes.
Le premier moyen métrage de la série, intitulé DEVIL’S EXPERIMENTS ou Unabridged Agony, est sûrement un des métrages simulés les plus proches de l’idée que l’on se fait d’un authentique snuff movie. Au niveau de l’ignoble et de la gratuité, il ne souffre d’aucune comparaison, à l’exception probable des “film” (!!!) de Fred Vogel, la nauséeuse série des AUGUST UNDERGROUND.
Ce premier épisode nous montre la longue séance de torture subie par une jeune femme capturée par trois sadiques anonymes. Ses ravisseurs ne seront pas vraiment montrés, ils se limitent à des silhouettes rieuses qui semblent se délecter des tortures décrites. Un avertissement, durant le générique, annonce qu’il s’agit d’un véritable film amateur et un carton est intercalé entre les différentes épreuves traversées par la demoiselle avant sa mort. Elle est d’abord attachée à une chaise et giflée. Les tortionnaires se relaient jusqu’à ce que son visage soit couvert de plaies, au bout de plus de 100 coups portés (un compteur indique les violences). Ensuite, elle est contrainte à s’agenouiller avant d’être à nouveau frappée, cette fois à coup de pieds. Le supplice suivant voit la jeune fille soumise à des brutalités infligées à l’aide de pinces qui lui tordent la peau. Puis elle est de nouveau ligotée à sa chaise, doit avaler une bouteille d’alcool et ses bourreaux la font tourner comme sur un manège jusqu’aux inévitables et abondants vomissements.
Ensuite vient une autre forme d’agression : le son. Un casque est posé sur les oreilles de la demoiselle qui reçoit des sons discordants à plein volume. Au bout de 5 heures, elle hurle sans discontinuer. Mais l’épreuve n’est pas terminée et les tortionnaires poursuivent l’expérience. Au bout de 10 heures, elle sombre dans une sorte de folie et, au bout de 20 heures, elle se transforme en une sorte de loque baveuse et pathétique. La suite des supplices comprend des jets d’huile bouillante sur le corps et d’autres joyeusetés (asticots, etc.) avant que la fille ne périsse d’un coup d’aiguille dans l’œil
GUINEA PIG – DEVIL’s EXPERIMENT n’a pas de scénario, pas de véritable mise en scène et très peu de construction dramatique. Il s’agit simplement d’une suite d’atrocités à la fois fascinantes (que vont-ils pouvoir inventer pour surpasser la précédente torture ?) et lassantes. Si les maquillages gore sont soignés, le jeu des comédiens peine à convaincre et introduit – heureusement ? – une distantiation avec le spectacle proposé qui questionne cependant le spectateur sur son voyeurisme. En regardant un film d’horreur ne cherche t’on pas à être choqué et à voir des passages horribles ? Si oui pourquoi s’encombrer d’une narration ? A la manière d’un gonzo hard crad enchainant les scènes de cul sans laisser au spectateur une seconde de répit, GUINEA PIG – DEVIL’s EXPERIMENT aligne le sadisme et l’horreur sans justification, excepté la titillation malsaine des plus bas instincts du spectateur / voyeur.
Heureusement le tout ne dure que 45 minutes car GUINEA PIG – DEVIL’s EXPERIMENT laisse une curieuse impression de malaise et s’avère une expérience extrême, un véritable passage à la limite que l’on peut – ou pas – avoir envie de vivre.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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