Un texte signé Yannik Vanesse

retrospective

Jack The Ripper

Le quartier de Whitechapel vit dans la peur. En effet, un terrible tueur nommé Jack l’Eventreur s’en prend aux prostituées, et Scotland Yard peine à trouver des indices.

Jess Frano fut un réalisateur extrêmement prolifique du cinéma bis. L’année de sa mort, en 2013, il a réalisé un film au titre prometteur, REVENGE OF THE ALLIGATOR LADIES. Oeuvrant dans tous les types du cinéma de genre, il a aussi bien plongé dans l’horreur, que dans le cinéma policier, l’érotique pur (car la plupart de ses films sont teintés d’érotisme) ou autres thriller. Lina Romay, qu’il finit par épouser, fut sa muse sur de nombreux films, et sa sensualité rendent inoubliables des oeuvres parfois moyenes comme LE MIROIR OBSCENE. Pour sa version de JACK THE RIPPER, outre sa muse, Jess Franco demande à Klaus Kinski d’incarner le plus célèbre tueur de tous les temps, prestation qui lui va comme un gant, tant son charisme atypique le rend fascinant.

Comme un certain nombre de ses films, JACK THE RIPPER est une co-production entre la Suisse et l’Allemagne. Son nom l’indique clairement, il s’inspire du célèbre tueur de Whitechapel, mais Jess Frano n’y recherche pas le réalisme. Certes, le meurtrier s’en prend aux prostituées, et sévit dans le même quartier que le vrai, mais la comparaison s’arrête là. En effet, l’identité des victimes n’est pas la même, tout comme la manière de tuer, et l’inspecteur cherchant à l’arrêter s’appelle Selby.
Pendant une longue partie du film, le spectateur ne peut que se demander ce que veut faire Jess Frano avec ce film. Pas vraiment érotique (même si les victimes montrent invariablement leurs superbes seins avant de mourir), pas tellement sanglant (sauf lors d’une séquence) ni véritablement policier (l’enquête n’avance pas, avant de subir une progression effarante pour conclure l’histoire), il est tout d’abord dur de savoir où veut nous emmener JACK THE RIPPER. Et c’est lors de quelques plans d’un Whitechapel nocturne, désert et envahi par le brouillard, que la compréhension se fait : Jess Franco veut livrer une œuvre gothique.
Hélas, ce point est plutôt raté, le réalisateur maîtrisant mal son ambiance, et les acteurs n’étant de surcroît pas très doué. Pourtant, c’est un film des plus plaisants que ce JACK THE RIPPER. Bien entendu, outre le jeu d’acteur aléatoire et le scénario quelque peu bancal, la psychologie du meurtrier est traitée avec très peu de subtilité. Mais Klaus Kinski est un Jack l’Eventreur fascinant, et le film évite tout ennui grâce à une bonne régularité dans les meurtres. A ce sujet, l’apparition de Linda Romay se révèle inoubliable. Sa beauté explose, lors d’une violente scène de meurtre, où le tueur la dévêt complètement avant de la tuer et de la mutiler. La scène est extrêmement sanglante, mais le côté peu réussi des effets spéciaux fait basculer ce moment dans un délicieux second degré, comme nombre de séquences du film. Dur de résister au moment où le portrait-robot est dressé par un dessinateur au talent plus que discutable (sauf pour les personnages, l’un d’entre-eux comprenant immédiatement de qui il est fait mention) ou à la manière dont le meurtrier est appréhendé.
JACK THE RIPPER est un excellent film de Jess Franco, agréablement raté par moment, prouvant une nouvelle fois que le réalisateur sait choisir ses actrices, et sait les mettre en valeur, un film qui plaira grandement aux amateurs de cinéma bis en général, et de ce réalisateur passionnant en particulier.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Yannik Vanesse

- Ses films préférés :

Share via
Copy link