Just Jim
Jim est un adolescent mal dans sa peau, déprimé et asocial. Vivant dans une ville sans attrait, il meurt d’ennui sous l’œil de la caméra. Adolescent désœuvré, son unique ami est son chien. Jusqu’au jour où quelqu’un s’installe dans la maison voisine abandonnée depuis des lustres. Jim va voir son existence bouleversée par son nouveau voisin. Dean est l’antipode de Jim, cool, décontracté, branché, séducteur, charmant. Il se propose d’aider Jim à être populaire. Celui-ci accepte, ravi de trouver enfin un ami sans savoir que le prix à payer est sans doute plus élevé que ce qu’il aurait pu imaginer.
Craig Roberts est un jeune acteur anglais prometteur ayant fait ses débuts dans des séries comme SKINS ou BEHING HUMAN. Il embrasse ensuite une carrière américaine en jouant dans THE DOUBLE, NOS PIRES VOISINS ou encore 22 JUMP STREET. JUST JIM est son premier long-métrage. À seulement 24 ans, il y met les souvenirs de son adolescence, sa nostalgie, mais aussi ses goûts et influences. Ainsi l’on perçoit à travers Dean, l’image d’un James Dean, acteur qui a sans doute dû fasciner le jeune Craig, à l’époque où il était adolescent. Très autobiographique, le récit en devient troublant. En effet, le choix de James Dean n’est assurément pas un hasard. Craig Roberts aborde sans complexe sa vision de son adolescence, de sa famille, mais aussi certainement de son métier d’acteur.
Plus encore que l’influence de James Dean, il y a celle de David Lynch. De l’image du film à la musique, en passant par la ville au milieu de la forêt où les jeunes gens errent en manque de distraction, l’on sent la présence d’un TWIN PEAKS. L’influence de la folie qui y règne est palpable. Par exemple, le personnage de l’ouvreuse qui prétend que les murs l’écoutent ressemble fort à la femme à la bûche dans TWIN PEAKS. Outre les personnages étranges, il y a aussi un certain nombre de séquences oniriques s’insinuant dans la toile de la réalité du métrage.Le film oscille entre fantasme et réalité à un tel point qu’on ne sait jamais ce qui est réel.
Le héros est un menteur pathologique. C’est un adolescent coincé dans une famille qui se fiche parfaitement de son sort et dans une ville d’un ennui mortel. Victime d’autres adolescents qui passent leur temps à se moquer de lui, ou pire, à l’ignorer, il ne peut sortir de cet enfer qu’en s’inventant une autre vie. Ainsi, s’imaginer une copine idéale, un ami fascinant, en bref, une vie plus intrigante et intéressante que celle qui est la sienne, paraît être au fond la seule manière de s’accommoder de tout cela.
Si tant et si bien, qu’à la fin, quand le héros sourit à la caméra, on imagine sans peine qu’à cet instant, c’est le réalisateur qui regarde son adolescence, acceptant ses écueils et les épreuves qui alors étaient douloureuses, enrôlant cette époque d’un sentiment poignant de nostalgie.
Film introspectif, intimiste et hautement autobiographique, JUST JIM n’est pas exempt de défauts et de maladresses, essentiellement dus à un manque de budget qui se ressent parfois cruellement à l’image. L’on peut aussi reprocher à la mise en scène de ne pas trouver le bon rythme. Il est difficile cependant de faire ressentir l’ennui du personnage au spectateur sans pour autant ennuyer celui-ci.
Mais malgré ces maladresses, JUST JIM a l’intérêt d’essayer avec sincérité de toucher le spectateur, de raconter une histoire, celle du réalisateur certes, mais de la raconter d’une manière émouvante.