Korkusuz Kaptan Swing
Le Capitaine Swing est un trappeur qui fut recueilli puis élevé par les Indiens alors qu’il était bébé. A l’âge adulte, il est devenu le leader d’un groupe de résistants nommé Les Loups de l’Ontario, symbole de la résistance contre l’occupant anglais en cette seconde moitié du XIXème Siècle, aux Etats-Unis. Swing se bat pour la liberté de son pays en menant des opérations commando destinées à trouver de la nourriture pour son peuple, aidé en cela par ses amis fidèles, Bluff et Sad Owl.
Adapté d’une bande dessinée italienne, Il comandante Mark, KORKUSUZ KAPTAN SWING s’adresse avant tout à un public jeune, ou alors à des adultes qui auraient gardé une âme d’enfant. L’esprit du film se veut proche de la bande dessinée dont il s’inspire, avec des personnages stéréotypés à l’extrême, courageux, sympathiques, mais sans grande profondeur. Swing est un combattant hors-pair amoureux de Betty, Sad Owl ne pense qu’à manger et prier l’âme de son grand-père ; et enfin Bluff aime avant tout les tavernes et son chien Puik, qu’il a sauvé des griffes de l’ennemi.
Comme souvent dans le cinéma de genre turc de cette période, le dépaysement est total : jeu approximatif des acteurs, raccords foireux, humour au ras des pâquerettes, utilisation incompréhensible de filtres aux couleurs variées à certains moments, et reconstitution du cadre naïve sinon grotesque. Par exemple, les soldats britanniques (les « Red Coats ») sont tous affublés d’une perruque blonde à la Barbie (sauf le chef, ce qui permet de l’identifier tout de suite). Autant l’avouer : le simple ajout de cet artifice annule tout ressort dramatique à la trame, pour peu qu’elle en ait eu. Par contre, l’effet comique, volontaire ou non, est plutôt efficace, chaque apparition des « méchants anglais » déclenchant des fous rires nerveux.
Au niveau de la partition musicale, on reste également en terrain connu, avec un patchwork détonnant alternant musique classique et BO empruntées aux compositeurs italiens. Pour KORKUSUZ KAPTAN SWING, le thème revenant de façon récurrente est celui du DERNIER JOUR DE LA COLERE, de Tonino Valerii, composé par Riz Ortolani.
Avec sa chapka de trappeur pourvue d’une queue de raton laveur, Captain Swing rappelle fortement un autre héros de BD plus connu chez nous : Blek le roc. Et si le cadre est identique, ce n’est pas le fruit du hasard, puisque derrière ces deux personnages on retrouve la même équipe qui, à la suite d’un désaccord avec son éditeur, abandonna Blek en 1967 pour créer Captain Swing chez un concurrent.
Enfin, un mot sur les acteurs. Peu connus en dehors de leur pays d’origine, le dvd permet de se familiariser avec certains d’entre eux, comme Gulgun Erdem (WOMAN DESPISER) ou Reha Yurdakul, qui possède plus de deux cents films à son actif. Cet acteur souvent abonné aux rôles de méchants s’est notamment fait remarquer dans CELLAT, appelé aussi TURKISH DEATH WISH, et dans LION MAN, aux côtés de Cüneyt Arkin, l’un des rares films turcs (en cinéma bis) à avoir été exploité en France à l’époque de la vidéo. A noter qu’Ali Sen a joué quant à lui dans une coproduction italo-hispano-turque : TRE SUPERMEN CONTRO IL PADRINO. Assurément un autre chef d’œuvre à déterrer.
