Un texte signé André Quintaine

Espagne - 1982 - Jess Franco
Interprètes : Lina Romay, Antonio Mayans, Mabel Escano, Albino Graziani, Mamie Kaplan, Jasmina Bell, Eva Leon

retrospective

La Mansion de los Muertes Vivientes

Quatre filles débarquent sur le bord de la Méditerranée pour y passer leurs vacances. Les gens du coin n’ont pas l’air très sympathiques, à l’instar de Carlo, le propriétaire de l’hôtel, qui reste sourd au charme de ses nouvelles clientes. Qu’à cela ne tienne, nos charmantes héroïnes auront vite fait de coucher ensemble pour combler leur désir.
Alors qu’elles prennent un bain de soleil sur la plage, une machette, semblant venue de nulle part s’abat à leurs pieds. Plus loin, un autochtone tente de se rincer l’œil en les épiant discrètement. Bref, leur séjour tourne rapidement au cauchemar, d’autant plus que l’une des filles finit par disparaître après une ballade près d’un monastère.
Jess Franco tombe de nouveau bien bas avec LA MANSION DE LOS MUERTES VIVIENTES, même si le film n’est pas forcément à jeter aux oubliettes. LA MANSION balance entre film érotique et film d’horreur. Dès le départ, on comprend que nous ne sommes pas en face d’un véritable film d’épouvante. Sitôt installée dans leur chambre, les jeunes filles se déshabillent et commencent à copuler. Franco ne cherche pas à créer une quelconque atmosphère. Cela lui aurait été de toute façon difficile, tant les décors sont pauvres. Ils se limitent à tout casser à deux ou trois endroits. On se contente donc de l’érotisme, et dans cet esprit, on se réjouit de la présence de Lina Romay, toujours aussi belle, éclipsant les autres filles. Dans les scènes érotiques, elle est également la seule à y mettre un peu de cœur.
La partie fantastique fait dans la pauvreté la plus complète avec des zombies tantôt squelettiques, tantôt de chair et de sang pour violer les héroïnes du film. Les zombies font à première vue, penser à ceux d’Amando De Ossorio, mais de loin uniquement. Dès que le réalisateur nous les montre de près, ils ne font plus illusion, en arborant sur leur “visage” un large sourire désopilant. Certains sont tellement immobiles que l’on se demande s’il y a bien quelqu’un sous ces tuniques. Un lépreux, au maquillage peu ragoûtant est également de la partie. LA MANSION, comme tout navet signé Franco, n’échappe pas non plus aux éternels plans ineptes dont le réalisateur est si friand. Parfois, Franco gratifie la bande son de bruitages sensés imiter le bruit du vent dans les arbres. Franco désire alors sans doute instaurer une atmosphère de terreur dans des scènes d’une longueur épouvantable.
Ce que l’on retiendra de ce film, ce sont deux ou trois plans assez jolis, mais piqués à d’autres films. Lina Romay bien sûr (sa seule présence rendrait presque le film regardable), mais surtout le personnage de Carlo, celui qui amène un peu de mystère au film. Carlo, le propriétaire de l’hôtel, se dit être le représentant de Satan sur Terre. Sa mission semble être d’offrir des femmes en sacrifice orgiaque aux morts-vivants pour préparer la venue de son Maître. Là où son personnage est troublant, c’est dans sa relation avec une femme qu’il a enchaînée par le cou à son lit. Il vient lui rendre visite de temps en temps, pour la nourrir ou atténuer ses désirs sexuels, car elle est nymphomane. Carlo la traite comme sa soumise et un animal. Il n’hésite pas non plus à l’insulter. Pourtant, elle semble l’aimer car elle refuse que Lina Romay l’aide à fuir. Carlo finira par l’empoisonner en lui offrant un plat “assaisonné” aux insecticides et à la mort aux rats, qu’il concoctera sous les yeux de la pauvre femme. Il lui explique qu’elle n’est rien d’autre qu’un animal asservi et pleurnichant pour avoir de quoi manger. Il continue en lui disant qu’après sa mort elle deviendra un ange. La femme s’exécute. Carlo semble détestable, c’est pourtant lui qui se sacrifie pour sauver Lina Romay dont il est tombé amoureux.
LA MANSION DE LOS MUERTES VIVIENTES est un très mauvais film, mais Franco réussit quand même, comme c’est souvent le cas, à éviter l’ineptie complète grâce à quelques séquences farfelues.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

Share via
Copy link