La peau sur les os (1996) – régime mortel
A l’origine de ce très efficace petit film fantastique, l’inévitable Stephen King publie, en 1984, le roman “la peau sur les os” sous son pseudonyme coutumier de Richard Bachman. Le livre connait un petit succès et certains commencent à soupçonner la vérité, remarquant des similitudes thématiques et stylistiques entre Bachman et King. Un employé de bibliothèque finit par éventer la supercherie et, une fois l’identité réelle de l’auteur dévoilée, le roman se hisse dans les meilleures ventes. Dix ans plus tard, la version cinématographique est lancée. Le romancier Michael McDowell (décédé en 1999 mais récemment revenu sur la liste des best-sellers avec sa saga Blackwater et scénariste de BEETLEJUICE) adapte le roman en compagnie du cinéaste Tom Holland (VAMPIRE VOUS AVEZ DIT VAMPIRE?).
Une adaptation fidèle
La trame du roman reste respectée: l’avocat Billy Halleck, en dépit d’un embonpoint important, vit une existence dorée, en compagnie de sa fille et de son épouse. Lorsque cette dernière lui fait une gâterie en voiture, Billy perd le contrôle de son véhicule et renverse une vieille gitane. Accusé d’homicide involontaire, l’avocat est trainé au tribunal mais, heureusement, peut compter sur ses relations dans la justice et les forces de l’ordre. Relaxé, il rencontre le père de sa victime, le centenaire Tadzu Lempke, qui lui jette un sort. Dès lors, Billy commence à perdre du poids.
Confectionné avec un budget de quatorze millions de dollars, LA PEAU SUR LES OS sera un échec commercial et récoltera des critiques majoritairement défavorables. Injuste pour ce film bien construit, nerveux, qui ressemble beaucoup à un épisode des “Contes de la crypte” dans son utilisation d’un humour noir souvent méchant. A l’époque, il est vrai, le pic de popularité des adaptations du romancier semble dépasser…les classiques CHRISTINE, DEAD ZONE, CUJO, etc. date d’une dizaine d’années et, au milieu des années ’90, l’excellent côtoie l’anecdotique. Pour un chef d’œuvre comme LES EVADES, on compte un paquet de productions anodines (LA NUIT DECHIREE, LA CREATURE DU CIMETIERRE, LES DEMONS DU MAïS 2,3, etc.). LA PEAU SUR LES OS, comme le trop méconnu LES AILES DE LA NUIT ou le peu apprécié LE BAZAR DE L’EPOUVANTE, constitue pourtant une réussite certes mineure mais indéniable.
Le grand retour des voleurs de poules
Très utilisé durant l’âge d’or de la Universal, dans les FRANKENSTEIN et autres WOLFMAN, les gitans ont ensuite été délaissés par le cinéma d’horreur. Ils retrouvent ici leur statut de méchants emblématiques: voleur de poules et jeteurs de sorts, les Bohémiens sont plus vicieux que jamais, entre le papy adepte de la magie noire et sa trop séduisante petite-fille.
La meilleure partie du métrage intervient d’ailleurs lorsque le héros, maigre comme un rescapé des camps nazis, demandent l’aide d’un de ses amis mafieux afin de contre-attaquer et leur rendre la monnaie de leur pièce. L’attaque du camp manouche s’avère ainsi fort bien traitée, de même que le piège tendu par le gangster à la sexy romanichelle menacée de défiguration à l’acide. Joué par un Joe Mantegna (LE PARRAIN 3) déchainé, ce redoutable mafieux incarne véritablement la vengeance et la violence. Il renverse les rôles jusqu’à ce que la peur change de camp et oblige les manouches à lever le sortilège.
Le final, toujours dans la tradition des “Contes de la crypte”, montre cependant qu’il ne sert à rien de tenter de jouer au plus malin avec la magie. Le héros, apparemment sauvé, subit un retournement de situation à l’humour caustique. La fameuse tarte si prisée des Américains, la célèbre “american pie”, devient l’instrument d’une vengeance gratinée dont nous laisserons aux spectateurs l’occasion de découvrir les funestes conséquences.
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