Un texte signé Alexandre Lecouffe

Italie - 1976 - Michele Massimo Tarantini
Titres alternatifs : La professoressa di scienze naturali
Interprètes : Lilli Carati, Michele Gammino, Alvaro Vitali

retrospective

La prof du bahut

Débutant sa carrière à l’orée des années 70 en tant qu’assistant de Sergio Martino, Michele Massimo Tarantini est un petit mais prolifique artisan du cinéma populaire italien qui s’est illustré dans le polar (A MAN CALLED MAGNUM avec Luc Merenda, 1977) ou le film de jungle (le sympathique PRISONNIERES DE LA VALLEE DES DINOSAURES, 1985) mais qui s’est spécialisé dans le genre qui nous intéresse ici, celui de la sexy-comédie. Une bonne dizaine de ses films a pour héroïnes des « flics », « profs », « infirmières » et autres « doctoresses » affriolantes faisant tourner la tête à tous les personnages mâles (et généralement idiots) qu’elles vont croiser (citons LA FLIC A LA POLICE DES MŒURS ou LA PROF CONNAIT LA MUSIQUE, 1979). Reconnaissables à leur esprit comique très bas et à leur érotisme soft, ces films sont incarnés par de très jolies actrices ou starlettes dont les plus connues sont Edwige Fenech (la seule à avoir un vrai talent d’actrice, contrairement à ce qu’en pensent beaucoup), Nadia Cassini ou Gloria Guida. Le rôle titre de LA PROF DU BAHUT est interprété par la ravissante Lilli Carati dont c’était la première apparition. Après plusieurs sexy-comédies et un rôle plus dramatique dans AVERE VENT’ANNI de Fernando Di Leo (1978) dans lequel joue aussi sa collègue Gloria Guida, elle se fourvoiera dans le X au milieu des années 80 (notamment en compagnie de Joe d’Amato). LA PROF DU BAHUT (« l’enseignante de sciences naturelles » en v.o, tout de même plus noble !) a bien sûr pour but d’aligner des gags plus ou moins pathétiques entrecoupés de scènes « hot » plus ou moins audacieuses et son intrigue n’est de fait qu’un prétexte ; la voici cependant…
Dans un petit village portuaire d’Italie, la vieille et revêche prof de sciences est victime d’une explosion pendant son cours de chimie. Elle est bientôt remplacée par la jeune et jolie Stefania, fraîchement diplômée de l’université. Parmi ses élèves turbulents (mais amoureux) se trouvent le cancre Pepino (Alvaro Vitali) et Andrea, le fils de famille chez qui elle loge. Stefania est par ailleurs convoitée par le médecin du village, un séducteur prétentieux qui veut l’épouser. Mais la « prof » semble avoir un petit faible pour Andrea même si celui-ci est à l’origine d’un « coup monté » contre elle.
Le ton du film est donné dès les scènes d’ouverture qui nous présentent un petit village pittoresque où le premier personnage que l’on croise, l’élégant médecin, reluque par la fenêtre la petite culotte d’une domestique ! Après quelques gags entourant le transport à l’hôpital de la prof accidentée, nous faisons connaissance avec la fine équipe des élèves à travers une série de blagues potaches déjà vues cent fois (la colle sur le siège du professeur, la loupe qui met le feu à son journal,…). Servis par le gnome Alvaro Vitali (figure majeure de la sexy-comédie), ces gags ont le mérite d’être efficaces, bien rythmés et illustrés par les mimiques simiesques inimitables du disgracieux comique italien. Le réalisateur va ensuite ralentir le tempo et développer la description des personnages principaux ; ils font tous partie d’un microcosme bourgeois (le pharmacien et son épouse désoeuvrée, leur fils Andrea, le médecin, le curé bon vivant,…) que Tarantini s’amuse à égratigner gentiment. En effet, derrière leur apparente respectabilité tous se révèlent qui hypocrite (le pharmacien qui délaisse son épouse), qui infidèle (cette dernière le trompe avec le fantaisiste assistant), qui obsédé sexuel (le médecin adepte de voyeurisme). Ce dernier défaut est en fait commun à tous les personnages masculins qui rivalisent d’ingéniosité afin d’observer en détail la belle Stefania dans son plus simple mais charmant appareil. De la classique scène de bain perçue à travers la serrure au périscope artisanal fabriqué par les deux cancres, tout est alors bon pour mettre en avant la plastique de Lilli Carati dans des scènes n’excluant pas la nudité frontale. Le côté mécanique que peut avoir le genre (une scène de nudité/un gag, ad libitum) est rompu par des séquences de pure digression que l’on pourra apprécier pour leur côté délirant ou trouver tout à fait navrantes (l’assistant du pharmacien fantasmant une débauche dansante et culinaire avec la femme de son patron ; Pepino qui se débarrasse de malfrats grâce à un manuel de kung-fu,…). LA PROF DU BAHUT contient finalement peu de scènes lamentables (ou alors elles sont brèves et suscitent un rire nerveux !) et trouve un juste équilibre entre la farce grivoise et la satire légère. La scène finale est même assez caustique (pendant un mariage, la caméra nous révèle subtilement que tout le monde trompe tout le monde) et clôt le film sur une note positive.


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- Article rédigé par : Alexandre Lecouffe

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