Un texte signé Michaël Guarné

Japon - 1985 - Hideo Gosha
Titres alternatifs : Kai
Interprètes : Ken Ogata, Yukiyo Toake, Yuko Natori, Mariko Ishihara

retrospective

La Proie de l’Homme

Succédant à L’OMBRE DU LOUP et YOHKIRO, LA PROIE DE L’HOMME est le troisième film adapté d’un roman de Tomiko Miyao. Dépeignant de la manière la plus réaliste qui soit l’univers des geishas au début du 20è siècle, LA PROIE DE L’HOMME est une véritable fresque se déroulant sur deux décennies qui donne la part belle aux personnages féminins.
On nous présente d’abord Kiwa, épouse d’Iwago (Ken Ogata, déjà à l’affiche sur YOHKIRO), ancien champion de lutte devenu proxénète, qui achète des filles aux familles les plus démunies afin de les revendre aux maisons closes. Ayant déjà adoptés deux enfants, Ken, au tempérament toujours impulsif et Ryu, de nature plus calme à cause de sa maladie, Kiwa et son mari adoptent au fil de leur existence plusieurs filles. L’une d’entre elles sera d’ailleurs le fruit de la relation adultérine d’Iwago. Refusant dans un premier temps d’éduquer l’enfant en question, Kiwa finit par s’y attacher à tel point qu’elle ne souhaite pas la voir transformer en geisha comme Iwago l’a décidé…
Le père de famille du film est à l’image des deux autres métrages tirés des romans de Tomiko Miyao : froid, sans scrupule et ayant trop peu de considération pour son épouse légitime. Comme Tatsuya Nakadai dans L’OMBRE DU LOUP, Ken Ogata campe à merveille ce personnage fourbe qui n’en fait qu’à sa tête, représentant typique des figures masculines nippones d’après-guerre. Il s’avère ainsi véritablement obtus et macho vis-à-vis de sa femme, et distant par rapport à ses enfants.
Le ton du film est tout sauf humaniste. On se rend vite compte qu’il n’y a guère d’échappatoire pour ces filles destinées à être geishas. Iwago décide de tout. Il est même parfois responsable de la vie ou de la mort de ces dernières, comme celle qu’on voit au début du film. Iwago ‘sauvant’ une petite qui allait être vendue en Chine afin qu’on lui prélève ses organes. Une vie de geisha à la place d’une mort certaine, pas forcément un meilleur choix pour la gamine en question… Gosha nous impose donc une vision complètement désenchantée de l’enfance. L’être humain est exposé dans sa nature première : la cruauté.
Une cruauté qui contraste d’ailleurs avec la beauté de la photographie. La mise en scène demeure très soignée ; on mentionnera notamment les jolis travellings qui parsèment le film.
LA PROIE DE L’HOMME s’impose donc comme un mélodrame de qualité, bien mieux rythmé et un poil plus plaisant à suivre que YOHKIRO par exemple. Les trois bobines tirées des livres de Tomiko Miyao, bien que jouissant d’un univers similaire, arrivent néanmoins à se détacher les unes des autres.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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